Reporting extra financier : les 5 erreurs fréquentes des entreprises (et comment les éviter)
04-07-2025 - par Célestine Moreira

Le reporting extra financier devient un passage obligé pour de plus en plus d’entreprises, notamment avec l’entrée en vigueur progressive de la directive CSRD. Mais répondre aux exigences réglementaires ne suffit plus. Derrière les tableaux de données et les indicateurs ESG, c’est une nouvelle manière de piloter l’entreprise qui se dessine. Encore faut-il éviter certains risques !
Erreur #1 : Réduire le reporting extra financier à une contrainte réglementaire
C’est un écueil dans lequel beaucoup d’entreprises tombent. Elles ont parfois tendance à encore aborder le reporting extra financier comme une simple formalité administrative : un document à produire une fois par an pour “cocher les cases”, rester en conformité et éviter les sanctions.
Cette approche défensive de la RSE entraîne plusieurs risques pour ces entreprises :
- Des données collectées et interprétées sans analyse critique approfondie
- Un rapport produit en silo, pas toujours aligné sur la stratégie globale de l’entreprise
- Une déconnexion potentielle avec les parties prenantes à la fois internes (direction, managers, salariés) et externes (investisseurs, clients…).
Résultat : dans certaines entreprises qui considèrent le rapport extra financier comme une formalité administrative, ce reporting peut se retrouver trop peu lu, peu utile, voire parfois oublié peu de temps après sa publication.
Ce qu’il faut faire pour éviter cette erreur c’est transformer le reporting extra financier en outil stratégique pour toutes les strates de l’entreprise et ses parties prenantes :
- Articuler reporting et plan stratégique : les entreprises devraient partir de leurs axes business prioritaires (compétitivité énergétique, attractivité pour les nouveaux talents, innovation durable…) pour identifier les enjeux RSE matériels et prioritaires.
- Faire valider les enjeux RSE par le COMEX : l’implication de la direction de chaque société est indispensable pour que les informations collectées influencent les arbitrages. Au plus la direction est impliquée, au mieux les informations extra financières seront utiles, et la stratégie RSE sera diffusée à l’ensemble de l’entreprise.
- Utiliser les résultats comme base de dialogue interne : par exemple, il est possible de restituer chaque année les principaux KPIs extra financiers devant les équipes dirigeantes, comme la plupart des entreprises le font pour les indicateurs financiers. Cela peut se faire simplement, en se concentrant sur un nombre restreint d'informations extra financières qui sont particulièrement pertinentes selon le secteur d’activité de l’entreprise, ou son niveau de maturité ESG.
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Erreur #2 : Collecter des données de performance extra financière sans cadre méthodologique
Face à la multitude (et parfois la complexité) des référentiels (ESRS, GRI, TCFD, CDP…), de nombreuses entreprises tombent dans le piège de la “boulimie de données”. Elles tentent parfois de tout couvrir, sans toujours hiérarchiser ni structurer, par peur d’oublier certains points de conformité.
Les risques de ce trop grand nombre de données sont des tableaux de bord difficilement lisibles, des informations pas toujours exploitables, et une surcharge pour les équipes concernées sans réel enjeu stratégique.
La bonne approche est donc de structurer la collecte autour des enjeux matériels et prioritaires pour l’entreprise.
L'entreprise peut commencer par une analyse de double matérialité. Cet exercice est exigé par la directive CSRD, mais il peut également être un outil précieux pour le reporting extra financier. L'entreprise peut s'appuyer sur les outils publiés par l’EFRAG ou par des standards comme le GRI sectoriel pour guider la priorisation. À l’issue de l’analyse de double matérialité (notamment avec la cotation des IRO), la société quels sont les enjeux prioritaires et ceux dont elle pourra se passer.
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Les entreprises peuvent formaliser chaque indicateur dans une fiche technique standardisée :
- Nom et définition précise
- Unité de mesure
- Source et fréquence de collecte
- Responsable de l’indicateur
- Méthodologie (standard ou maison)
Pour cette étape, les entreprises peuvent se référer aux cadres méthodologiques des référentiels qui font autorité sur le marché, comme les ESRS de la directive CSRD ou de la VSME, ou bien les indicateurs du CDP pour le carbone par exemple.
Les organisations peuvent également centraliser la donnée dans un outil collaboratif, avec des règles d’accès claires. Un Google Sheet peut suffire au départ, mais dès que l’on commence à traiter un grand nombre de données, un outil dédié à la gestion d'indicateurs de performance extra financière devient indispensable. Zei permet aux entreprises de gérer leurs données ESG de A à Z (collecte, calculs, reporting automatisé, harmonisation… et bien plus).
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Erreur #3 : Négliger la lisibilité et l’impact du rapport extra financier
Un bon reporting ne se juge pas uniquement à son exhaustivité. Parfois, les rapports extra financiers peuvent ressembler à des compilations trop techniques, illisibles pour un lecteur non spécialiste de la performance extra financière.
Or, les destinataires du reporting extra financier sont multiples : il peut s’agir d’investisseurs, de collaborateurs, de candidats, de clients, d’ONG, de journalistes… Tous ne liront pas les 120 pages du rapport, mais tous chercheront à en extraire du sens.
Ce qu’il faut faire c’est concevoir un rapport lisible, accessible et en plusieurs versions selon l’interlocuteur concerné.
- Il faut soigner la structure : une synthèse en deux pages dès l’introduction (format “executive summary” ou infographies) est une excellente manière de résumer les points clés du reporting extra financier. Les entreprises peuvent également intégrer des encadrés “À retenir” à la fin de chaque section pour faciliter la lecture.
- Les entreprises peuvent décliner le rapport en plusieurs formats : il peut exister une version longue pour les obligations réglementaires (au format PDF ou XBRL), une version courte ou interactive pour le site web à destination du grand public et des candidats et une slide de présentation pour les équipes internes, les investisseurs ou les clients.
- Les entreprises peuvent rendre le rapport plus visuel et compréhensible en un coup d’oeil : graphiques de tendance et benchmarks, timelines d’actions mises en œuvre, portrait de collaborateurs, cas concrets, verbatims…
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Erreur #4 : Traiter le reporting extra financier comme un exercice isolé
Certaines entreprises sous-traitent l’intégralité de leur reporting extra financier à des cabinets externes. Si ce mode de gestion permet de produire des livrables dans les délais, cette externalisation totale peut parfois retarder l’appropriation interne des sujets de performance extra financière.
Dans ces cas de figure, le rapport extra financier devient un produit fini, difficile à réutiliser, et pas toujours mis à jour. Il n’alimente pas nécessairement les décisions stratégiques. Il ne crée pas toujours de dynamique d’amélioration continue.
À la place, il est important d’intégrer le reporting extra financier dans la gouvernance interne.
- L'entreprise peut constituer un comité de pilotage ESG, avec des représentants de chaque direction concernée (finance, RH, achats, QSE…) en le réunissant régulièrement, au moins une fois par trimestre.
- L'entreprise peut intégrer les KPIs RSE dans les tableaux de bord des directions, à côté des indicateurs de performance traditionnels, pour les mettre au même niveau d’exigence.
- L'entreprise peut croiser les données RSE avec les données business : intensité carbone et coûts d’exploitation, taux d’accidents et performance RH, évaluation fournisseurs et qualité achats…
- L'entreprise peut organiser des sessions d’appropriation, par exemple un temps de présentation des résultats ESG aux managers, avec des exemples concrets d’impact pour leurs activités, organiser des ateliers type Fresque du Climat pour diffuser ces enjeux à tous les niveaux de l’organisation…
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Erreur #5 : Sous-estimer les exigences d’auditabilité du rapport extra financier
Avec la CSRD, les informations du rapport de durabilité devront être vérifiées par un auditeur indépendant, selon un niveau d’assurance modérée. De plus, le format XBRL (déjà imposé pour les reportings financiers en Europe) exigera une structuration rigoureuse des données pour le reporting extra financier.
Beaucoup d’entreprises ne sont pas encore prêtes à ces exigences d’auditabilité pour le reporting extra financier. Les risques sont qu les informations sont encore parfois produites à la main, stockées dans des silos, pas toujours avec le niveau de traçabilité rigoureux demandé par les organismes d’audit extra financier.
Pour anticiper ces contraintes, il est important de professionnaliser ses process dès maintenant.
- Pour chaque indicateur, il faudra que l'entreprise se pose les questions suivantes : peut-on retracer la source de la donnée ? Peut-on expliquer la méthodologie de calcul ? Qui l’a produit, et à quelle date ?
- L'entreprise doit investir dans un outil ESG qui historise les informations, centralise les justificatifs (factures, documents, captures…) et permet de générer des exports conformes automatiquement au format PDF ou XBRL.
- L'entreprise devrait organiser une revue interne quelques semaines avant la publication du reporting extra financier, pour vérifier avec toutes les parties prenantes la cohérence des indicateurs de performance extra financière, identifier les anomalies et compléter les éventuels manques.
- L'entreprise peut également tester dès maintenant l’export XBRL, même si elle n'est pas encore soumise à l’obligation. Cela obligera la société à structurer ses données selon les balises de la taxonomie ESRS, ce qui est un excellent entraînement et permet de prendre de l’avance sur les futures exigences de l’EFRAG.
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Le reporting extra financier entre dans une nouvelle ère. Sous l’impulsion de la CSRD, il ne peut plus être considéré comme un simple exercice de conformité. Il devient un levier de transformation stratégique, un outil de pilotage et un support de dialogue avec les parties prenantes.
Pour tirer parti de cette évolution, les entreprises doivent professionnaliser leurs pratiques : structurer les données, assurer leur auditabilité, impliquer la direction, croiser les résultats ESG avec les indicateurs business. Cela suppose d’adopter une approche intégrée, où la RSE n’est plus un sujet à part, mais un pilier de la performance globale.