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IRO dans la CSRD : comment les utiliser ?

27-01-2025 - par Célestine Moreira

IRO dans la CSRD : comment les utiliser ?

La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) a commencé à s’appliquer dès 2024 pour obliger les entreprises à communiquer de manière transparente sur leurs données ESG et leur stratégie de durabilité. Le but d’une telle directive, in fine, est que les citoyens, établissements financiers et pouvoirs publics puissent être en capacité de comparer les organisations d’un même secteur entre elles sur leurs performances extra-financières. En renforçant la standardisation des informations publiées en open source par chaque entreprise, la CSRD cherche à réduire le risque de greenwashing et à améliorer la confiance du public et des investisseurs envers la durabilité des entreprises.

 

Pour le reporting de la CSRD, chaque entreprise doit passer par l’étape de l’analyse de double matérialité. Cette analyse a pour but de définir, parmi les 1.500 indicateurs ESG demandés par la CSRD, lesquels sont matériels (c’est-à-dire “pertinents”) ou non matériels pour l’entreprise. Elle repose sur deux axes principaux :

  • la matérialité d’impact, qui évalue comment l’entreprise affecte son environnement,
  • et la matérialité financière, qui examine comment les changements externes influencent ses activités.

 

Ce processus, complexe mais central dans la publication du reporting de la CSRD, permet aux entreprises le développement de leurs actions de durabilité en fonction des indicateurs ESG critiques qu’elles auront identifiés. En s’appuyant sur des méthodologies dédiées et en impliquant les parties prenantes, l’analyse de double matérialité pour la CSRD devient un levier stratégique, guidant les organisations vers une gestion durable et une meilleure résilience face aux défis environnementaux et sociaux.

 

Les IRO dans la CSRD, à quoi ça sert ?

Pour définir lesquels de ces indicateurs ESG sont matériels ou pas, la CSRD les regroupe sous des ESRS (European Sustainability Reporting Standards), eux-mêmes divisés en sous-enjeux et sous-sous-enjeux. Ces divisions sont listées dans l’article 16 de l’ESRS 1 (p.26 du document). Par exemple :

  • ESRS E3 : ressources aquatiques et marines
    • Sous-enjeu : Ressources marines
      • Sous-sous-enjeu : Rejet des eaux dans les océans

 

Pour évaluer les sous-sous-enjeux de la CSRD et confirmer ou non leur matérialité, il faut procéder à la cotation des IRO (Impacts, Risques et Opportunités). Ils représentent une nouvelle subdivision, adaptée aux spécificités de chaque entreprise. Ils permettent de tenir compte des particularités des activités ou des contextes géographiques et politiques par exemple. Il peut en exister plusieurs par sous-sous-enjeu, et l’entreprise peut en ajouter autant qu’elle le juge pertinent.

 

Par exemple, si l’on reprend l’illustration précédente :

  • Sous-sous-enjeu : Rejet des eaux dans les océans
    • IRO : Contamination des ressources alimentaires marines
    • IRO : Nouvelles technologies de traitement des eaux usées
    • IRO : Réputation auprès du grand public

 

La prise en compte des IRO dans la CSRD repose sur une cotation qui prend en compte plusieurs critères de durabilité. Côté impact (c’est-à-dire comment l’entreprise influence les  environnementaux et sociaux autour d’elle), ces critères incluent l’ampleur, l’étendue, le caractère irrémédiable et la probabilité.

 

Côté financier (c’est-à-dire comment les aspects environnementaux et sociaux affectent l’entreprise), les critères de cotation sont la magnitude et la probabilité.

 

En se basant sur ces évaluations, les entreprises peuvent prioriser les IRO les plus significatifs pour leur reporting CSRD. Cette démarche favorise une gestion plus fine et robuste de la stratégie RSE, renforce la conformité réglementaire et valorise les efforts auprès des investisseurs et des parties prenantes.

 

 

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Dans la matérialité d’impact de la CSRD : l’évaluation des Impacts

Dans la matérialité d’impact (c’est-à-dire comment l’entreprise influence les aspects environnementaux et sociaux), on évalue les impacts. Ces impacts sont classés en 4 catégories :

  • Les impacts négatifs réels : par exemple l’émission de gaz à effet de serre d’un site de production donné
  • Les impacts positifs réels : par exemple le développement d’un plan de formations pour les salariés
  • Les impacts négatifs potentiels : par exemple la possibilité d’assécher les sols à long terme
  • Les impacts positifs potentiels : la plantation d'arbres en compensation carbone

 

Dans la matérialité d’impact, les impacts sont évalués selon quatre critères :

  • L’ampleur. L’ampleur d’un impact définit son intensité, sa gravité pour l’environnement ou les enjeux sociaux.
  • L’étendue. L’étendue d’un impact définit l’échelle géographique (quelques kilomètres ? un pays entier ?) ou temporelle (quelques semaines ? des centaines d’années ?) d’un impact.
  • Le caractère irrémédiable. Le caractère irrémédiable d’un impact est l’intensité des ressources à mettre en place pour le corriger. Est-ce un impact qui se résorbera naturellement avec le temps, ou faut-il déployer des moyens conséquents ?
  • La probabilité. La probabilité n’est utilisée que pour les impacts potentiels (qu’ils soient positifs ou négatifs) et définit si cet IRO a de grandes chances de se réaliser, ou s’il aura une occurrence importante dans la vie de l’entreprise.

 

Pour évaluer (ou coter) ces IRO, l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) n’impose pas de méthode précise. Chez Zei, nous conseillons d’évaluer les critères d’ampleur, d’étendue, d’irrémédiabilité et de probabilité sur une échelle de 0 à 4 :

  • 0 : non applicable (non pertinent à évaluer)
  • 1 : impact léger (par exemple une étendue de quelques kilomètres autour d’un site).
  • 2 : impact modéré (par exemple un caractère irrémédiable qui se résorbe naturellement mais sur une période de temps de plusieurs années)
  • 3 : impact important (par exemple l’étendue à l’échelle d’un pays entier)
  • 4 : impact grave (par exemple l’ampleur d’une marée noire d’un bateau de transport de pétrole)

 

Dans la matérialité financière de la CSRD : l’évaluation des Risques et des Opportunités

Dans la matérialité financière (c’est-à-dire comment les changements environnementaux et sociaux affectent l’entreprise), on évalue les risques et les opportunités :

  • Les risques : par exemple une usine a été construite dans une zone qui deviendra inondable dans 20 ans
  • Les opportunités : par exemple la possibilité de développement d'une nouvelle gamme de produits de façon plus durable

 

Dans la matérialité financière, les risques et opportunités sont évalués selon deux critères :

  • La magnitude. Comme l’ampleur dans la matérialité d’impact, elle définit l’intensité des risques ou des opportunités, à quel point cela va affecter l’entreprise de façon importante.
  • La probabilité. Également comme dans la matérialité d’impact, elle définit si les risques ou les opportunités ont de bonnes chances de se réaliser, ou s’il y aura une certaine occurrence dans la vie de l’entreprise.

 

Encore une fois, chez Zei nous conseillons d’utiliser une échelle de 0 à 4 pour coter vos risques et opportunités, tout comme dans la matérialité d’impact.

 

 

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Le rôle des parties prenantes pour la cotation des IRO dans la CSRD

Même si ça n’est pas imposé par l’EFRAG, consulter les parties prenantes (fournisseurs, clients, sous-traitants, régulateurs…) est primordial pour l’évaluation des IRO dans l'analyse de double matérialité. L’article 24 de l’ESRS 1 précise que cet engagement est central dans l'évaluation de la matérialité d’impact.

 

L’engagement des parties prenantes, qu’elles soient internes ou externes, permet à la fois de faciliter la cotation des IRO, mais aussi et surtout de n’en oublier aucun. Leur implication peut avoir lieu en amont de la cotation pour dresser une liste exhaustive des IRO à prendre en compte dans l'analyse de double matérialité. Elles peuvent également intervenir pendant l’exercice de cotation en consultation, mais également à la fin, pour valider ou réajuster certaines cotations si besoin.

 

La consultation peut prendre plusieurs formes selon les personnes en organisations concernées : ateliers et groupes de travail, collecte via un outil dédié, interventions des équipes RSE…

 

Déclarer la matérialité d’un IRO

Une fois cotés, l’entreprise va pouvoir attribuer un score à chaque IRO, en pondérant les différents critères en fonction de leur importance. L’EFRAG ne donne pas de formule mathématique, ni de seuil à partir duquel un IRO est considéré comme matériel.

 

En revanche, l’ESRS 2 impose aux entreprises, avec les exigences de publication IRO-1 et IRO-2, des informations sur leur méthodologie de prise en compte et d’évaluation des IRO :

  • IRO-1 : cette norme concerne la méthodologie et les processus mis en place pour l’identification des IRO. Les entreprises doivent décrire la méthodologie, les hypothèses et les données ESG utilisées, donner une vue d’ensemble du processus d’identification, d’évaluation, de priorisation et de surveillance des impacts réels et potentiels, mais aussi comment elles vont les intégrer au processus global de gestion des risques.
  • IRO-2 : cette norme concerne la liste des enjeux identifiés comme matériels. Les entreprises doivent publier la liste des IRO en fonction des résultats de l’analyse de double matérialité, en indiquant « non matériel » pour ceux considérés non matériels. Il n’y a pas besoin, dans cette norme, de justifier de la non matérialité d’un IRO, sauf ceux relatifs au climat (ESRS E1).

 

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En conclusion, les exigences de l’EFRAG pour le reporting de la CSRD marquent un tournant majeur dans la gestion des données ESG par les organisations. L’objectif est de passer d’une simple obligation de conformité à un véritable outil stratégique pour les équipes RSE, permettant à chaque entreprise de mieux comprendre leurs impacts, risques et opportunités.

 

Cette démarche, bien que complexe, offre des opportunités uniques d’améliorer la résilience et la compétitivité des entreprises en intégrant pleinement les enjeux de durabilité dans leur stratégie RSE mais aussi globale. En impliquant les parties prenantes et en utilisant des méthodologies éprouvées pour coter les IRO, les entreprises peuvent non seulement répondre aux exigences réglementaires, mais aussi renforcer leur crédibilité et leur attractivité.

 

Ainsi, le reporting de la CSRD n’est pas qu’un cadre réglementaire contraignant : c’est une chance pour les entreprises d’anticiper les défis climatiques et sociaux de demain, tout en démontrant leur engagement envers une transition durable et responsable.

 

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