ISO 26000 : définition, principes et champs d’application
24-12-2025 - par Célestine Moreira
Qu’est-ce que l’ISO 26000 ?
Définition officielle de la norme ISO 26000
L’ISO 26000 est une norme internationale publiée par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) qui fournit des lignes directrices en matière de responsabilité sociétale. Contrairement à d’autres normes ISO, elle ne fixe pas d’exigences à respecter, mais propose un cadre de référence structurant pour aider les organisations et entreprises à intégrer les principes de la responsabilité sociétale dans leurs décisions et leurs pratiques.
L’ISO 26000 définit la responsabilité sociétale comme la responsabilité d’une entreprise vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement. Elle insiste sur une contribution au développement durable qui soit à la fois éthique, transparente, et cohérente avec les attentes des parties prenantes.
Origine et objectifs de l’ISO 26000
Publiée en 2010, l’ISO 26000 est le fruit de plusieurs années de travaux impliquant un large éventail d’acteurs : entreprises, pouvoirs publics, syndicats, ONG, consommateurs et experts internationaux. Cette diversité explique en grande partie la robustesse du cadre proposé.
Son objectif principal est de créer un langage commun de la RSE, applicable à tous les types d’organisations, quels que soient leur secteur, leur taille ou leur niveau de maturité. L’ISO 26000 vise ainsi à :
- clarifier ce que recouvre concrètement la responsabilité sociétale ;
- aider les organisations à structurer leur démarche RSE ;
- favoriser la cohérence entre stratégie, gouvernance et pratiques opérationnelles.
À qui s’adresse la norme ISO 26000 ?
L’ISO 26000 s’adresse à toutes les organisations, sans distinction de statut juridique. Elle concerne aussi bien les grandes entreprises que les PME, les collectivités, les associations ou encore les établissements publics.
C’est précisément cette universalité qui en fait un cadre très utilisé comme socle de réflexion stratégique RSE, notamment pour les organisations qui souhaitent poser des bases solides avant d’aller vers des référentiels plus opérationnels ou plus contraignants.
L’ISO 26000 est-elle une norme obligatoire ?
Statut juridique de l’ISO 26000
L’ISO 26000 n’a aucune valeur réglementaire. Elle relève d’une démarche volontaire et ne constitue ni une loi, ni un règlement. Aucune entreprise n’est tenue légalement d’appliquer l’ISO 26000, en France comme à l’international.
Pour autant, son influence dépasse largement le cadre du volontariat pur. De nombreux textes, pratiques de marché et référentiels ESG s’en inspirent directement ou indirectement.
Pourquoi elle n’est pas certifiable
Contrairement aux normes ISO 9001 ou ISO 14001, l’ISO 26000 n’est pas certifiable. Ce choix est volontaire : la norme repose sur des principes et des orientations, et non sur des exigences mesurables et auditables de manière standardisée.
L’ISO a souhaité éviter une approche trop normative de la RSE, qui risquerait de réduire la responsabilité sociétale à un exercice de conformité. L’ISO 26000 encourage au contraire une appropriation contextuelle, adaptée aux enjeux spécifiques de chaque entreprise.
Différence entre obligation réglementaire et démarche volontaire
Là où une obligation réglementaire impose un cadre précis et des sanctions en cas de non-respect, l’ISO 26000 agit comme un outil de pilotage stratégique. Elle permet aux organisations d’anticiper les attentes, de structurer leurs priorités et de renforcer la crédibilité de leur démarche RSE.
Dans un contexte où les réglementations ESG se multiplient, cette capacité d’anticipation devient un véritable levier de résilience.
Les 7 principes fondamentaux de l’ISO 26000
Les 7 principes fondamentaux de l’ISO 26000 posent le cadre éthique et méthodologique de toute démarche de responsabilité sociétale. Ils définissent la manière dont une entreprise doit se comporter, quels que soient ses enjeux, son secteur ou sa maturité RSE.
Ces principes ne décrivent pas des actions concrètes à mettre en œuvre. Ils servent plutôt de boussole : ils orientent la prise de décision, la gouvernance et les arbitrages stratégiques. Autrement dit, ce sont les règles du jeu qui garantissent la crédibilité, la cohérence et la sincérité de la démarche RSE.
Responsabilité de rendre compte
Ce principe renvoie à la capacité d’une entreprise à assumer les impacts de ses décisions et à en rendre compte de manière structurée. Il pose les bases de la redevabilité, aujourd’hui centrale dans les démarches ESG et les exigences de reporting.
Transparence
La transparence concerne aussi bien la communication externe que la circulation de l’information en interne. Elle implique de rendre accessibles les informations clés relatives aux activités, aux performances et aux impacts de l’organisation, de manière compréhensible et sincère.
Comportement éthique
L’ISO 26000 insiste sur l’intégration de valeurs éthiques dans les processus de décision. Cela recouvre notamment la prévention de la corruption, la loyauté des pratiques commerciales et l’alignement entre discours et actions.
Respect des intérêts des parties prenantes
Identifier, comprendre et intégrer les attentes des parties prenantes constitue un pilier central de l’ISO 26000. Ce principe invite à dépasser une vision purement actionnariale pour adopter une approche plus systémique de la performance.
Respect du principe de légalité
Toute démarche de responsabilité sociétale repose sur le respect du cadre légal applicable. L’ISO 26000 rappelle que la conformité réglementaire constitue un socle minimal, sur lequel peut se construire une démarche plus ambitieuse.
Respect des normes internationales de comportement
Lorsque le droit national est insuffisant ou lacunaire, l’ISO 26000 encourage le recours aux normes internationales, notamment en matière de droits humains, de conditions de travail ou d’environnement.
Respect des droits de l’Homme
Ce principe traverse l’ensemble de la norme. Il concerne aussi bien les activités directes de l'entreprise que sa chaîne de valeur, un point aujourd’hui au cœur des débats sur le devoir de vigilance.
Les 7 questions centrales de l’ISO 26000
Les 7 questions centrales constituent le socle opérationnel de l’ISO 26000. Elles identifient les grands domaines de responsabilité sur lesquels une organisation doit analyser ses impacts, structurer ses priorités et déployer des actions concrètes.
Contrairement aux principes, les questions centrales permettent de passer à l’action : elles servent de base à l’analyse des enjeux, au dialogue avec les parties prenantes et à la définition d’un plan RSE. Elles offrent ainsi une lecture structurée des impacts ESG, directement mobilisable dans des démarches comme la double matérialité, la stratégie RSE ou le reporting extra-financier.
Gouvernance de l’organisation
La gouvernance est présentée comme la clé de voûte de la responsabilité sociétale. Elle conditionne la capacité de l’organisation à intégrer les enjeux RSE dans sa stratégie, ses arbitrages et son pilotage.
Droits de l’Homme
Cette question centrale couvre la prévention des discriminations, le respect des libertés fondamentales et la gestion des risques liés aux activités, aux partenaires et aux fournisseurs.
Relations et conditions de travail
L’ISO 26000 aborde ici des sujets tels que le dialogue social, la santé et la sécurité, le développement des compétences et la qualité de vie au travail.
Environnement
Cette question centrale traite de la prévention des pollutions, de l’utilisation durable des ressources, de la lutte contre le changement climatique et de la protection de la biodiversité.
Loyauté des pratiques
Elle concerne les pratiques commerciales, la concurrence loyale, la lutte contre la corruption et les relations responsables avec les partenaires économiques.
Questions relatives aux consommateurs
L’ISO 26000 intègre des enjeux de sécurité des produits, d’information loyale, de protection des données et d’accès responsable aux services.
Communautés et développement local
Cette dernière question centrale met l’accent sur l’ancrage territorial, la création de valeur locale et la contribution au développement économique et social des territoires.
ISO 26000 : pourquoi est-elle toujours pertinente en 2026 ?
Contexte réglementaire
La montée en puissance de cadres comme la CSRD, la taxonomie européenne ou le devoir de vigilance renforce l’intérêt d’un référentiel transversal comme l’ISO 26000. Elle offre une lecture structurée des enjeux ESG, utile pour donner de la cohérence à des obligations multiples.
Évolution des attentes des parties prenantes
Investisseurs, clients, collaborateurs et partenaires attendent des démarches RSE plus lisibles, plus crédibles et mieux intégrées à la stratégie. L’ISO 26000 reste un repère solide pour répondre à ces attentes de manière structurée. Voici quelques chiffres pour illustrer l’importance d’une bonne performance ESG :
Marque employeur :
- 14 840€ : c’est ce que coûte un(e) salarié(e) non motivé(e) à une entreprise chaque année (Etude IBET 2024)
- 55% des collaborateurs disent que l’engagement RSE d’une entreprise est un critère plus important que le salaire (Cone Communications, CSR Study, 2017)
Parts de marché :
- 80% des Français ont déjà changé leurs habitudes pour consommer plus responsable (ADEME - Greenflex 2019)
- 62% des grandes entreprises et ETI ont fixé un objectif de neutralité carbone qui inclut les achats (Mazars 2020)
- 15% : c’est le poids de la notation ESG dans les appels d’offres (PWC 2023)
- 66% des fournisseurs sont sollicités par leurs clients sur les questions ESG (PWC & ORSE 2025)
Lien avec les nouvelles obligations ESG
Sans se substituer aux cadres réglementaires, l’ISO 26000 permet de poser les fondations : cartographie des enjeux, dialogue parties prenantes, gouvernance, priorisation. Autant d’éléments indispensables pour alimenter efficacement les dispositifs de reporting ESG actuels et à venir.