Certification EcoVadis : comment atteindre l'or ou le platine
16-06-2025 - par Célestine Moreira
Chaque année, les entreprises subissent de plus en plus de pression pour démontrer leur engagement en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Cela ne concerne plus uniquement l'impact propre des entreprises, mais cela s’étend aujourd’hui à la totalité de leur chaîne de valeur. Les fournisseurs, jusqu’alors peu visibles, sont aujourd’hui évalués avec attention par les régulateurs mais aussi par les parties prenantes sur leur caractère durable. L’évaluation RSE des fournisseurs est donc un incontournable, à la fois pour limiter les risques environnementaux et sociaux, mais aussi pour construire une performance durable, en phase avec les attentes du marché. Les entreprises doivent professionnaliser leur approche : critères d’évaluation, méthodologies, outils… C’est ce que propose la certification EcoVadis.
EcoVadis : un outil de notation devenu un passeport commercial durable
L’évolution d’EcoVadis dans l’écosystème RSE
EcoVadis a été créé en 2007 et s’est imposé petit à petit comme la référence mondiale dans l’évaluation RSE des fournisseurs. C’était au départ un simple outil de notation d'entreprise, qui s’est rapidement transformé en un standard incontournable. Aujourd’hui, EcoVadis évalue plus de 100.000 entreprises dans plus de 200 secteurs d’activité. Cette évolution a largement aidé à professionnaliser la démarche et l'engagement RSE des organisations. EcoVadis les a incitées à mieux structurer leurs politiques RSE et à montrer des preuves concrètes de leurs engagements en matière de durabilité.
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L’importance qu’a pris d’EcoVadis au fur et à mesure des années est aussi due à un contexte professionnel où la RSE n’est plus une option mais une exigence pour chaque entreprise. Les réglementations se durcissent (CSRD, taxonomie européenne…), et les entreprises subissent de plus en plus de pressions de la part de leurs parties prenantes (clients, investisseurs, banques…) quant à leur performance ESG. EcoVadis permet à ces entreprises d’avoir une grille d’analyse commune et un socle commun pour faciliter la comparaison et la prise de décision durable.
De la simple évaluation à un réel critère de sélection
Au-delà de l’évaluation en elle-même, EcoVadis est devenu un critère de sélection commerciale pour les entreprises. C’est aujourd’hui presque systématique d’intégrer une notation EcoVadis dans leur processus d’achats responsables, surtout dans les grandes entreprises soumises à des réglementations ESG strictes (comme la CSRD par exemple). Dans certains secteurs, une note inférieure à l’argent peut même entraîner le rejet d’une entreprise.
Cette évolution transforme la certification EcoVadis en un véritable “passeport commercial durable”. Pour une entreprise, décrocher une médaille, surtout or ou platine, c’est non seulement afficher sa conformité aux attentes ESG, mais aussi sécuriser ses accès aux marchés les plus exigeants.
Cette pression crée deux leviers liés entre eux, pour créer un cercle vertueux au niveau de chaque entreprise :
- Côté acheteurs, EcoVadis permet à l'entreprise de réduire le temps et les coûts liés à l’audit des fournisseurs, grâce à une notation indépendante et standardisée, avec une méthodologie reconnue
- Côté fournisseurs, elle sert à renforcer la crédibilité de l'entreprise, à mettre en avant ses politiques RSE et à se différencier dans des marchés très compétitifs
Comment se passe une évaluation EcoVadis ?
Les étapes de la certification EcoVadis
Le processus d’évaluation pour la certification EcoVadis est particulièrement rigoureux. C’est un mélange entre des auto-déclarations venant des entreprises, et la vérification des documents justificatifs par des experts EcoVadis.
- Inscription de l’entreprise : l’entreprise commence par renseigner son profil (nombre d’employés, secteur d’activité, zone géographique…) sur la plateforme EcoVadis. Ces données sont le point de départ de la pondération des critères d’évaluation, les risques en matière de RSE variant selon le contexte de l’entreprise concernée.
- Remplissage du questionnaire : le coeur de l’évaluation EcoVadis repose sur un questionnaire très détaillé d’environ 100 questions. Ces questions prennent en compte les trois thématiques ESG (Environnement, Social et Gouvernance) avec un zoom sur les politiques, la mise en oeuvre concrète de ces politiques, et le suivi des résultats ESG dans le temps.
- Envoi des preuves documentaires : l’entreprise doit fournir des preuves concrètes pour chaque réponse du questionnaire (politiques internes, certificats, rapports d’audit, résultats d’enquêtes internes, procès-verbaux...)
- Analyse par les experts EcoVadis : une équipe d’analystes qualifiés va ensuite examiner le dossier. Ils croisent les informations fournies par l’entreprise, valident la cohérence des documents et évaluent la maturité des pratiques.
- Attribution du score et de la médaille : le résultat se fait sous la forme d’un score sur 100 points, puis est converti en médaille (bronze/argent/or/platine). EcoVadis fournit aussi un score détaillé et un rapport d’analyse complet, pour permettre aux entreprises de continuer à s’améliorer.
Le cycle de certification dure généralement de 3 à 6 mois selon la taille et la complexité de l’entreprise. La notation est valide un an, après quoi une réévaluation est nécessaire.
Les 4 thèmes de l’évaluation EcoVadis
La certification EcoVadis s’appuie sur quatre piliers principaux, qui structurent la démarche et couvrent l’ensemble des enjeux ESG des entreprises, quel que soit leur secteur d’activité :
- Environnement : ce pilier comprend l'engagement autour des sujets de gestion des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre), de consommation d’énergie, de gestion des déchets, de politique biodiversité, de prévention des pollutions, des projections d’adaptation au changement climatique...
- Social & Droits de l’Homme : ce pilier comprend l'engagement autour des sujets des conditions de travail, de la santé et de la sécurité, de l’égalité des chances, du dialogue social, et du respect des droits humains. Ce pilier met l’accent sur le bien-être des salariés et la conformité aux conventions internationales, cela peut passer par des programmes de formation, des audits sociaux, une politique diversité avancée…
- Éthique : ce pilier comprend l'engagement autour des sujets de la lutte contre la corruption, de la transparence, de la prévention des conflits d’intérêts, du respect des règles déontologiques... EcoVadis vérifie notamment la présence de codes de conduite, de formations spécifiques, et la mise en place de dispositifs de contrôle.
- Achats responsables : ce pilier demande d’intégrer des critères ESG tout au long de la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise. Cela inclue l’évaluation et l’accompagnement concret des fournisseurs pour améliorer leur impact ESG.
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Que faut-il concrètement pour atteindre l’or ou le platine ?
Quelles sont les exigences de l’or et du platine d’EcoVadis ?
La certification Or EcoVadis et la certification Platine EcoVadis demandent de faire partie soit du top 5%, soit du top 1% des entreprises certifiées. Pour obtenir des certifications si exigeantes, l’entreprise qui passe son évaluation EcoVadis doit prouver une démarche RSE très avancée. La différence avec les niveaux bronze ou argent ne concerne pas tant la quantité des preuves fournies que la qualité et la maturité de la gouvernance RSE au global.
Concrètement, cela implique pour les entreprises :
- Une politique RSE formalisée, intégrée au développement de la stratégie globale, avec un pilotage multi-directions et une gouvernance claire et officielle (comité RSE, implication de la direction générale…)
- Des preuves d’impact chiffrées, mesurées régulièrement, avec des indicateurs fiables et comparables (réduction des émissions CO2 mesurée sur plusieurs années, surveillance de l’évolution des impacts sur la biodiversité, dialogue régulier et établi avec les représentants du personnel…)
- Une démarche transverse qui implique l’ensemble des départements (pas seulement la direction RSE) et la chaîne d’approvisionnement dans sa totalité
- Un engagement sans discontinuité, illustré par des plans d’action évolutifs et une amélioration continue des indicateurs ESG et des politiques en matière de RSE
Les bonnes pratiques attendues pour l’or et le platine d’EcoVadis
Il n’existe pas réellement de feuille de route qui permettrait de “cocher toutes les cases” pour obtenir la certification Or EcoVadis ou Platine EcoVadis. En revanche, voici les points que les entreprises les mieux notées par EcoVadis mettent en oeuvre :
- Formalisation poussée des politiques : les documents ne sont pas seulement des déclarations ou des chartes, ils doivent refléter le développement d'une véritable stratégie durable, validée et mise à jour périodiquement par un comité dédié
- Formation et sensibilisation : des programmes réguliers et adaptés aux différents métiers sont mis en place pour assurer la compréhension et l’appropriation des enjeux ESG (e-learning, ateliers, campagnes de communication internes…)
- Actions concrètes et mesurables : plus que la simple déclaration d’intention, EcoVadis valorise les réalisations effectives. Des actions tangibles comme la mise en place d’un programme de réduction des déchets, avec des objectifs quantifiés, et la preuve de leur atteinte sur plusieurs cycles, vaudra davantage de points que la rédaction d’une politique sur le recyclage.
- Gestion proactive des risques et opportunités : un système de veille et d’audit continu, qui permettrait d’identifier les risques en matière de RSE à venir prouve que l’entreprise en cours de certification anticipe au lieu de subir, et c’est encore mieux si elle est capable de prouver qu’elle essaie d’y répondre efficacement.
- Implication de la chaîne d’approvisionnement : une politique achats responsables intégrée, avec des critères ESG présents dans les contrats avec les fournisseurs et des actions d’accompagnement et de montée en compétence des tiers sur les sujets RSE sont des actions valorisées pour la certification EcoVadis.
- Gouvernance et reporting transparents : un pilotage des résultats RSE via des indicateurs clairs, un suivi régulier au niveau du comité RSE ou du comité exécutif, et une communication transparente auprès de toutes les parties prenantes (salariés, clients, fournisseurs, investisseurs…) seront également des actions valorisées par les experts de la certification EcoVadis.
- Qualité documentaire : la cohérence entre les réponses au questionnaire et les preuves fournies est un aspect essentiel de la certification. Les documents doivent être récents, datés, vérifiables et contextualisés.
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Après le score : ce qu’on peut (vraiment) faire des résultats
Le pilotage et le développement de la stratégie RSE autour d’EcoVadis
Le score EcoVadis n’est pas une fin en soi, mais c’est un réel un outil de pilotage stratégique pour l’entreprise. Le rapport détaillé remis par l’organisme à l’issue de l’évaluation offre une feuille de route complète des forces et faiblesses de la stratégie RSE de l’entreprise, permettant à celle-ci d’orienter efficacement ses plans d’action ESG à l’avenir.
Les responsables RSE peuvent utiliser ces résultats pour :
- prioriser les axes d’amélioration en se concentrant sur les sous-thèmes où le score est le plus faible
- identifier les “quick wins”, c’est-à-dire les actions à impact, qui sont rapides à mettre en œuvre pour progresser rapidement
- renforcer la gouvernance en intégrant le suivi du score dans les comités de pilotage RSE
- animer le développement de la stratégie RSE au global en intégrant les directions concernées (finance, achats, RH, juridique…) sur les leviers spécifiques qui les concernent
Valoriser sa note EcoVadis auprès des parties prenantes
Une note EcoVadis élevée est un véritable atout de communication qui peut être puissant dans certains cas. Cette note peut être valorisée de différentes façons pour prouver l'impact durable de l'entreprise :
- en interne, pour engager les équipes dans la stratégie RSE grâce à des résultats concrets et la mise en avant de la démarche collective qui finit par payer
- auprès des clients, particulièrement dans les réponses aux appels d’offres où les critères ESG sont de plus en plus stricts, ou via des communications ciblées pour rassurer sur la solidité de la démarche RSE de l’entreprise
- vis-à-vis des investisseurs, comme une preuve de maturité extra-financière et de démarche de durabilité
- dans les documents officiels, comme les rapports de durabilité ou les présentations corporate
Attention toutefois à ne pas sur-communiquer : la note EcoVadis doit rester un indicateur parmi d’autres, et s’intégrer dans un discours cohérent et crédible. Elle ne se suffit pas à elle-même !
Préparer la prochaine évaluation EcoVadis
Enfin, le développement d'une bonne stratégie RSE consiste à anticiper la prochaine évaluation EcoVadis dès la publication du premier rapport. Pour cela les entreprises peuvent :
- construire un plan d’action durable à 12 mois (date de fin de validité de la certification), avec des objectifs précis pour chaque axe d’amélioration identifié
- renforcer les dispositifs de collecte de preuves, pour gagner en fluidité et en qualité lors de la prochaine soumission
- organiser des points d’avancement trimestriels, pour assurer un suivi régulier des indicateurs auprès des différentes parties prenantes
- veiller à intégrer les nouvelles attentes d’EcoVadis, dont la méthodologie évolue chaque année pour rester alignée avec les meilleures pratiques internationales
EcoVadis n’est plus un simple outil de notation : c’est devenu un véritable catalyseur de transformation RSE. Mais la certification n’est que le début. Pour les entreprises, le véritable enjeu réside dans la capacité à faire vivre les résultats, à structurer une gouvernance ESG robuste et à embarquer l’ensemble des parties prenantes. À l’heure où la performance extra-financière devient un critère de compétitivité, la question n’est plus “faut-il se faire évaluer ?” mais “comment aller plus loin à partir de là ?”. Et c’est précisément cette dynamique de progrès continu qui mérite aujourd’hui toute l’attention des entreprises.
