Score ESG : comment les agences de notation évaluent votre entreprise
12-08-2025 - par Célestine Moreira
Pourquoi le score ESG pèse lourd dans la stratégie durable des entreprises
Aujourd’hui, le score ESG (Environnement, Social, Gouvernance) n’est plus considéré comme un indicateur “nice to have”. Le score ESG, particulièrement lorsqu’il est attribué par une agence de notation, peut être un atout stratégique majeur pour les entreprises, que cela soit en matière de RSE ou en matière de performance globale.
Non seulement il permet aux entreprises d’obtenir un diagnostic global de leur performance durable sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, mais il a également une influence directe (et souvent sous-estimée) sur la performance globale. Une entreprise qui anticipe bien les risques ESG de demain sera assurément plus pérenne qu’une entreprise qui les prend à la légère.
Un critère d’accès aux financements
Au-delà de la résilience à long terme, un bon score ESG permet de convaincre davantage les établissements financiers. Qu’il s’agisse de fonds d’investissements ou de banques, les institutions financières prennent de plus en plus en compte le score ESG des entreprises dans lesquelles il envisagent de faire des investissements.
Une étude MSCI ESG Research publiée en juillet 2024 a même démontré que deux entreprises comparables (de même taille et même secteur) peuvent avoir jusqu’à 110 points de base d’écart sur le coût du capital, uniquement à cause d’un score ESG plus ou moins élevé. Ainsi, le “bonus” ou “malus” ESG se traduit directement sur le coût final du financement, quels que soient les investisseurs.
Aujourd’hui en Europe, on estime que près d’un tiers des investisseurs suivent désormais des critères ESG pour les encours.
Impact sur la réputation et l’attractivité
Il est également important de prendre en compte le fait que le score ESG a d’autres impacts concrets, notamment sur les clients (que cela soit en BtoC ou en BtoB) et sur l’attractivité de l’entreprise auprès des talents.
Côté commercial, les entreprises en BtoB intègrent de plus en plus des critères ESG dans leurs appels d’offres, et évaluent régulièrement leurs fournisseurs pour mesurer leur engagement en matière de développement durable. En BtoC, le grand public a une préférence de plus en plus marquée pour les marques responsables et cohérentes dans leurs engagements de durabillité.
Guide : comment passer à une RSE de performance ?
Panorama des types d’agences de notation ESG
Les agences spécialisées ESG
Lorsqu’on parle d’agences de notation en matière d’ESG, on pense surtout aux agences spécialisées, comme Sustainalytics ou ISS ESG. Ces agences ont une expertise très pointue sur les critères ESG, ce qui leur permet d’attribuer des scores ESG de manière sectorielle. Ainsi, les entreprises notées par ces agences sont comparées à leurs pairs, au sein de leur secteur, rendant le score ESG plus juste.
Le score ESG attribué par ces agences est en général largement utilisé par les gérants de fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) mais aussi par les analystes financiers plus globalement.
Les agences de notation spécialisées en ESG collectent en analysent des centaines d’indicateurs, sur l’ensemble des trois piliers environnementaux, sociaux et de gouvernance (émissions de CO2, politiques de gouvernance, gestion des risques sociaux, innovations durables…) et les les contextualisent dans le secteur de l’entreprise évaluée.
Les grandes agences de crédit traditionnelles
Mais les agences plus traditionnelles peuvent également établir un score ESG pour les entreprises, c’est le cas par exemple pour les historiques Moody’s avec Moody’s ESG Solutions ou S&P avec S&P Global ESG Scores.
Même si ces agences de notation n’ont pas vocation à développer une expertise en développement durable aussi pointue que les agences ESG spécialisées, elles permettent cependant d’avoir une approche combinée pour évaluer les entreprises. Leur objectif est de rallier performance extra-financière et risques financiers traditionnels, pour obtenir une vue holistique de la santé d’une entreprise. Cela permet ainsi aux investisseurs d’anticiper l’impact des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance sur la pérennité des entreprises dans lesquelles ils envisagent d’investir.
Comment les agences de notations calculent-elles le score ESG ?
Les agences de notation ESG, qu’elles soient traditionnelles ou spécialisées, ont chacune leur méthodologie propre, mais les étapes d’évaluation restent globalement les mêmes pour toutes les entreprises.
Collecte des données
Pour établir un score ESG, elles vont commencer par collecter toutes les données environnementales, sociales et de gouvernance des entreprises à évaluer. Pour cela, elles vont s’appuyer sur différentes sources : le reporting RSE, les documents réglementaires (CSRD, taxonomie européenne…), les déclarations publiques, les bases de données spécialisées, la presse économique ou bien encore les rapports d’ONG.
Elles vont également pouvoir envoyer des questionnaires au entreprises pour leur permettre de mieux contextualiser les données brutes et les déclarations, ainsi que de partager des informations qui n’ont pas été rendues publiques (comme un plan de transition carbone détaillé ou des politiques de gouvernance sensibles).
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Pondération et indicateurs
La pondération est un enjeu majeur pour calculer les scores ESG des entreprises de manière sérieuse mais surtout pertinente. Chaque pilier E, S et G ne comptera pas pour autant de points en fonction de la taille et surtout du secteur de l’entreprise. Par exemple, dans l’agroalimentaire, les critères environnementaux auront plus de poids qu’en finance par exemple, où ce seront les critères de gouvernance qui domineront la note.
Côté indicateurs, tout comme les indicateurs de la CSRD, c’est en général un mélange d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs.
- Indicateurs quantitatifs : intensité carbone, part d’énergies renouvelables, taux d’accidents, proportion de femmes à des postes de direction…
- Indicateurs qualitatifs : politiques de gestion des risques, dialogue avec les parties prenantes, charte durable…
Prise en compte des controverses
Évidemment, une entreprise au centre d’un conflit social majeur, d’un scandale environnemental ou d’un incident de gouvernance se verra attribuer un score ESG bien plus bas. C’est également pour cela que les agences de notation ne se contentent pas d’attribuer un score ESG à un instant T, mais continuent la veille des entreprises évaluées après notation.
Le score ESG d'une entreprise peut être ajusté à tout moment en cas d’événement majeur. Le nouveau score ESG sera pondéré par la gravité, la fréquence et la façon dont sont gérés ces événements, mais également de la durée de leur impact (de plusieurs mois à plusieurs années selon les mesures mises en place et la transparence de l’entreprise).
Comment rester maître de son score ESG ?
Mettre en place un suivi proactif
C’est certainement une des meilleures manières d’anticiper et améliorer son score ESG en tant qu'entreprise. Les équipes RSE et la direction doivent mener des audits internes réguliers pour identifier et résoudre les risques et points faibles de l’entreprise avant qu’ils ne soient détectés par une agence.
Ce suivi proactif doit être géré rigoureusement, en suivant des indicateurs vérifiables, traçables et alignés avec ceux des agences de notation ESG. Et au-delà de rester maîtresse de son score ESG, cette veille permet à l’entreprise de mieux identifier les facteurs de risques environnementaux, sociaux et de gouvernance, et donc d’assurer sa pérennité et sa résilience.
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Soigner la relation avec les agences
Les questionnaires envoyés par les agences de notations ESG sont une occasion en or pour les entreprises de se justifier. Y répondre rapidement, avec toutes les informations demandées et un maximum de contexte leur permettra de mieux interpréter certaines données et donc d’avoir des scores ESG plus juste in fine.
Une absence de réponse ou une donnée non justifiée peut être perçue comme un manque de transparence de la part de la direction RSE, voir de l'entreprise toute entière.
Aligner sa stratégie sur les critères ESG clés
Pour vraiment maîtriser son score ESG, il faut intégrer les critères ESG au cœur même de la stratégie d’entreprise. Cela signifie que les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance doivent être pris en compte dès la définition des objectifs, des plans d’action, et des indicateurs suivis au global.
Un des grands secrets des entreprises les mieux notées, c’est leur capacité à prioriser les actions à fort impact durable sur leur score. Par exemple, dans l’industrie, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est souvent le levier le plus puissant, car ce critère pèse lourd dans l’évaluation environnementale. Dans le secteur financier, ce sont souvent les critères de gouvernance, notamment la diversité au sein des organes de décision, qui jouent un rôle majeur.
Le score ESG ne doit pas rester un simple tableau de bord à usage externe : il doit devenir un indicateur de pilotage stratégique durable, au même titre qu’un KPI financier ou opérationnel. Cela signifie que les dirigeants suivent régulièrement leur notation, comprennent les leviers à activer, et ajustent leur feuille de route pour améliorer durablement leur performance extra-financière.
