Les méthodes de réduction de l’empreinte carbone
19-05-2025 - par Célestine Moreira

Réduire l’empreinte carbone d’une entreprise n’est plus une démarche marginale ou symbolique, c’est désormais une exigence stratégique. En tant qu'entreprise, réduire son empreinte carbone croise à la fois des impératifs réglementaires (CSRD, Taxonomie verte, BEGES…), la pression des parties prenantes (talents, clients, investisseurs…) et des objectifs climatiques collectifs (comme les Accords de Paris).
Mesurer pour agir : la comptabilité carbone comme point de départ de son entreprise
Avant de parler réduction de l’empreinte carbone des entreprises, il faut commencer par parler mesure des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre), particulièrement en France. Une stratégie climatique sérieuse doit commencer par une phase d’analyse : identifier, quantifier, puis structurer ses émissions de GES. C’est précisément le rôle de la comptabilité carbone (souvent appelé bilan carbone) dans les entreprises. Sans cette base, l'entreprise sera en incapacité de prioriser quels leviers d’action seront utilisés, ou de fixer des objectifs et piloter les progrès effectués.
Rappel sur les principaux standards de comptabilité carbone en entreprise
Il existe plusieurs façon de faire sa comptabilité carbone. En France, pour les entreprises, il existe aujourd’hui trois grands standards, qui permettent de faire sa comptabilité carbone avec un cadre fiable et standardisé :
- Le GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol) : c’est le standard international de référence, c’est notamment sur lui que reposent certains indicateurs de la CSRD par exemple. Il structure les émissions de GES en trois scopes (1, 2 et 3), et est compatible avec la démarche SBTi (Science-Based Target initiative). Il est utilisé par la beaucoup de grands groupes et d’entreprises à rayonnement international
- Le Bilan Carbone® de l’ADEME : il est l’un des plus courants en entreprise en France, particulièrement dans les PME et le secteur public. Ce bilan repose sur des bases similaires, toujours avec les trois scopes mais introduit quelques spécificités dans les facteurs d’émission et la structuration de l’analyse
- Le BEGES (Bilan d’Émissions de Gaz à Effet de Serre) réglementaire : c’est un cadre obligatoire en France pour les entreprises de plus de 500 salariés (ou 250 en Outre-mer et entreprises du secteur public), ce bilan impose une déclaration partielle, souvent limitée aux scopes 1 et 2.
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Définition des scopes 1, 2 et 3
Lorsqu’on parle de mesure de l’empreinte carbone d’une entreprise, on catégorise les différents types d’émissions de GES en trois grandes familles appelées “scopes” :
- Scope 1 : les émissions directes. Ce sont les émissions de GES liées aux sources contrôlées directement par l’entreprise (combustion de carburant sur site, émissions de GES des véhicules détenus, procédés industriels…).
- Scope 2 : les émissions indirectes liées à l’énergie. Ce sont notamment les émissions l’électricité, la chaleur ou la vapeur achetées et consommées par l’entreprise.
- Scope 3 : les autres émissions indirectes. Ce sont les émissions de GES qui concernent toute la chaîne de valeur de l'entreprise (achats de biens et services, transport amont/aval, usage des produits vendus, déplacements professionnels, gestion des déchets, immobilisations, etc.). C’est le scope le plus vaste, qui pèse le plus lourd pour beaucoup d’entreprises (jusqu’à +90% !)
Maîtriser ces trois scopes est très important pour établir un plan de réduction crédible, pilotable et aligné avec les trajectoires de transition bas-carbone que peut se fixer une entreprise.
Les méthodes de réduction de l’empreinte carbone en entreprise
Une fois les émissions de GES identifiées et mesurées, vient le temps de l’action pour réduire concrètement l'empreinte carbone l'entreprise. Il n’existe pas de solution unique ou miracle pour réduire cette empreinte carbone. Mais il existe tout de même des leviers plus ou moins universels à activer pour réduire ses émissions de GES selon les scopes. Voici une check-list pour réduire son empreinte carbone en entreprise, en France.
Réduction des émissions directes de GES (Scope 1)
Les émissions du Scope 1 en entreprise sont généralement plus faciles à identifier, car elles sont dans le périmètre opérationnel direct de l’entreprise. Voici quelques leviers pour réduire l'empreinte carbone du scope 1 :
- Remplacer les équipements de l'entreprise utilisant des énergies fossiles : chaudières, groupes électrogènes ou machines thermiques peuvent parfois être remplacés par des équipements électriques ou fonctionnant avec de l'énergie renouvelable
- Décarboner la flotte de véhicules de l'entreprise : en favorisant les véhicules électriques ou hybrides rechargeables, en installant des bornes de recharge sur site, ou en réduisant la flotte par une politique de mobilité douce et écologique
- Optimiser certains procédés industriels de l'entreprise : cela implique des investissements dans des technologies plus sobres ou une reconfiguration des process en place (réduction des températures, récupération de chaleur, maintenance préventive…)
- Réduire les fuites de gaz frigorigènes dans l'entreprise : souvent oubliés, ces gaz peuvent avoir une empreinte carbone très élevée. Le contrôle régulier et le choix de fluides moins impactants sont essentiels pour une réduction efficace
Ce scope, bien que souvent plus faible en volume que le scope 3, est celui où l’entreprise a le plus de contrôle direct.
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Décarbonation de l’énergie (Scope 2)
La réduction de l'empreinte carbone liée à la consommation d'énergie passe par deux axes principaux : l’efficacité énergétique le choix d’un mix énergétique écologique. Voici quelques leviers pour réduire l'empreinte carbone du scope 2 :
- Réduction de la consommation d'énergie pour réduire l'empreinte carbone de l'entreprise :
- Procéder à un des audits énergétiques réguliers au sein de l'entreprise pour identifier les postes de surconsommation
- Optimisation des équipements de l'entreprise : éclairages LED, régulation du chauffage/climatisation, automatisation écologique…
- Achat d’énergie renouvelable pour réduire l'empreinte carbone :
- Souscrire à une offre d’électricité verte auprès du fournisseur ou choisir un nouveau fournisseur engagé dans la production d’énergie renouvelable et écologique
- Signer un PPA (Power Purchase Agreement) ou investir dans l’autoconsommation en entreprise
L’électricité est souvent moins carbonée en France grâce au mix énergétique, mais attention : les bureaux ou sites de l'entreprise situés à l’étranger peuvent fortement impacter ce scope, notamment dans les pays au mix fossile !
Réduction des émissions indirectes de GES (Scope 3)
Le Scope 3 représente une grosse part de l’empreinte carbone des entreprises, en moyenne 70 à 90%. Sa réduction est donc essentielle – mais elle est aussi la plus complexe, car elle implique des parties prenantes externes. Voici quelques leviers pour réduire l'empreinte carbone du scope 3 :
Achats responsables
- Évaluation ESG des fournisseurs : intégration de critères climatiques dans les appels d’offres, questionnaires fournisseurs, notation RSE…
- Relocalisation ou diversification des fournisseurs pour réduire les distances ou choisir des options moins carbonées
- Éco-conception des produits achetés : privilégier des matériaux recyclés, biosourcés ou à faible impact carbone
Mobilité des collaborateurs en entreprise
- Développement du télétravail et ainsi réduire les trajets domicile-travail
- Incitations aux mobilités douces : vélo, transports en commun, forfait mobilités durables
- Politique voyages professionnels bas-carbone : limitation des vols, privilégier le train par rapport à l’avion, avoir recours au distanciel
Transport et logistique
- Optimisation des flux logistiques : massification, mutualisation, circuits courts
- Choix de transporteurs bas-carbone : véhicules électriques, fret ferroviaire
- Réduction du poids des emballages et recours à des matériaux recyclables
Éco-conception et usage des produits
- Allongement de la durée de vie des produits, réparabilité
- Modèle d’économie de la fonctionnalité : vendre un usage plutôt qu’un produit
- Réduction des consommations d’énergie à l’usage, si vos produits sont énergivores
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La réduction de l’empreinte carbone ne se décrète pas, elle se mesure, se planifie et se pilote. En s’appuyant sur un bilan carbone rigoureux (notamment sur les méthodes spécifiques à la France) et sur des méthodes de réduction adaptées à chaque scope, les entreprises peuvent non seulement réduire leurs impacts carbone, mais aussi se positionner comme des acteurs engagés et résilients face à la transition. Le passage à l’action suppose aussi de mettre en place une gouvernance climat solide, de mobiliser l’ensemble des directions, et de s’outiller pour suivre les progrès dans le temps. C’est à ce prix que la réduction carbone deviendra un levier stratégique, et non une contrainte isolée dans une stratégie RSE en France.