Comment choisir un label RSE ? La matrice de directions RSE que les directions RSE devraient utiliser
26-08-2025 - par Célestine Moreira

Face à la multiplication des labels RSE, les entreprises peuvent vite se sentir perdues… et on les comprend !
Trop souvent, le choix d’un label RSE se fait par opportunité ou par effet de mode. Zei présente donc une matrice de décision, pour aider les équipes RSE et les dirigeants à choisir le bon label en fonction de ce dont elles ont réellement besoin pour structurer leur démarche durable et renforcer le développement de leur organisation.
La matrice de décision : les 5 critères pour choisir son label RSE
L’objectif stratégique du label RSE
Avant même de comparer les labels disponibles, la première question que les entreprises doivent se poser est : à quoi va leur servir ce label ? Les labels RSE sont tellement nombreux et différents qu’ils ne servent pas tous les mêmes objectifs stratégiques. Confondre ces objectifs peut être déceptif dans certains cas, il faut donc bien les identifier selon le développement de la démarche durable de l’entreprise et les enjeux spécifiques de son organisation.
Si une entreprise a pour but de se servir d’un label RSE comme un outil de communication externe, alors un label type B Corp, Fairtrade/Max Havelaar dans l’agroalimentaire ou Great Place to Work sont particulièrement adaptés. Ces labels sont connus et reconnus du grand public et des clients, qui permettent à n’importe qui, en un coup d’œil, de percevoir la marque comme éthique et engagée.
Si l’entreprise, plutôt qu’utiliser le label RSE comme outil de communication, a des enjeux de structuration de la démarche en interne, ce sont des labels comme LUCIE 26000, Engagé RSE de l'AFNOR ou Responsibility Europe qui seront les plus pertinents. Ces labels RSE poussent les entreprises à se questionner sur leur démarche, à formaliser leur démarche durable, leurs pratiques et à se fixer des objectifs d’amélioration continue à long terme pour leur organisation.
Un autre axe possible est la crédibilité auprès des clients et partenaires. Le label le plus visible pour servir cet objectif est certainement EcoVadis, qui permet une évaluation RSE des fournisseurs et partenaires. Obtenir l’or ou le platine après une évaluation EcoVadis est un réel gage de confiance pour les parties prenantes. Mais d’autres types de labellisation existent, notamment dans les labels sectoriels comme GRESB dans l’immobilier, ou bien encore le label Relations Fournisseurs & Achats Responsables, soutenu par l’État en France, qui valorise l’évaluation des chaînes d’approvisionnement.
La portée et la reconnaissance du label RSE
Un label RSE a également une portée géographique qui peut beaucoup varier. En fonction de la taille et du rayonnement international de l’entreprise, elle devra choisir un label RSE adapté, pour ne pas travailler dans le vide à l’obtention de la certification.
Par exemple, les labels Engagé RSE de l'AFNOR, ou le label Bas-Carbone sont très valorisés sur le territoire français, mais ne sont pas reconnus ou identifiés à l’internationale. Ils sont donc parfaitement adaptés pour les entreprises ayant un fort ancrage en France.
Au contraire, une entreprise avec un fort rayonnement international aura intérêt à se tourner vers une certification type ISO 26000. L’ISO 26000 est une certification internationale, reconnue et rigoureuse. Dans les labels internationaux, on peut aussi compter le label B Corp, reconnu de manière générale en Amérique du Nord et en Europe.
Au-delà de la simple portée géographique, certains labels dits “sectoriels” ont une portée à l’échelle d’un secteur d’activité. C’est le cas de MSC (Marine Stewardship Council) pour la pêche durable, de FSC (Forest Stewardship Council) pour la gestion forestière responsable, ou encore du Label Finance Durable (FIR-Paris Europlace) pour les acteurs financiers. Selon les secteurs, il peut être plus pertinent pour les entreprises d’obtenir ce type de label plutôt qu’un label généraliste type B Corp, car ils s’adaptent mieux à la réalité terrain des entreprises et renforcent leur performance et leur développement durable.
Le niveau d’exigence et la valeur ajoutée du label RSE
Chaque label RSE a un niveau d’exigence propre et apporte donc une valeur ajoutée différente pour les entreprises et leur organisation.
L’ISO 26000 (via le label LUCIE 26000) offre un cadre méthodologique particulièrement exigeant. Cette certification oblige les entreprises à se poser des questions sur l’ensemble de leurs impacts, avec un travail de fond considérable, à très forte valeur ajoutée pour leur performance et leur développement durable.
À l’inverse, un label de filière comme EnVol, GEEIS ou SA8000 est considéré comme plus accessible. Ces labels sont pertinents pour des entreprises qui souhaitent se lancer dans la RSE et structurer leurs premières démarches. Cela ne signifie pas que ces labels sont moins fiables : ils sont simplement adaptés à des entreprises dont le développement durable de la démarche RSE est encore jeune.
La durée et le coût d’obtention du label RSE
Le prix, le temps et les ressources nécessaires pour obtenir un label ou une certification RSE sont cruciaux.
EcoVadis est apprécié des entreprises pour sa rapidité. Après avoir rempli le questionnaire et fourni les pièces justificatives, l’entreprise obtient les résultats de son évaluation en quelques semaines. Le coût dépend du chiffre d’affaires de l’entreprise évaluée et du niveau d’évaluation souhaité. Les labels RSE sectoriels sont aussi rapides et accessibles, comme EnVol, destiné aux PME françaises.
Il existe aussi des labels intermédiaires comme LUCIE 26000, Engagé RSE de l'AFNOR ou Fairtrade, qui demandent plusieurs mois de travail, un audit externe et intègrent une notion de progression d’une certification à l’autre.
Enfin, certains labels plus longs ou coûteux, comme B Corp, sont connus pour leur processus exigeant, parfois lourd pour les entreprises qui cherchent à structurer leur démarche durable.
La pérennité et le suivi du label RSE
Un aspect parfois oublié des entreprises en matière de labels RSE est la durée dans le temps. Beaucoup de labels RSE ne sont pas de simples “one shot”, ils demandent à être renouvelés et à démontrer une amélioration de la performance RSE de l’entreprise.
Le label B Corp doit être renouvelé tous les 3 ans, avec un seuil d’exigence croissant. Le label Engagé RSE de l'AFNOR prévoit des audits réguliers tous les 18 à 24 mois, avec des paliers (initial, progression confirmé, exemplaire). C’est aussi le cas pour EcoVadis et ses médailles (bronze, silver, gold, platinum). Ces labels encouragent les entreprises à prouver une évolution forte et documentée pour atteindre le palier supérieur et assurer la pérennité de leur démarche durable.
Certains labels sectoriels, comme le label Entreprise du Patrimoine Vivant, sont attribués de manière quasi définitive, mais restent des repères de qualité pour l’organisation et le développement durable.
Choisir un label RSE n’est pas une fin en soi : c’est un moyen. Un moyen de développement d'une démarche RSE, de renforcer sa crédibilité ou de rendre visible une démarche durable. Au-delà des critères, la vraie question pour les dirigeants est : quel rôle leur entreprise veut-elle jouer dans la transformation de son secteur et de la société ? Un label peut être un tampon ou devenir un levier puissant de changement interne, d’innovation et de différenciation stratégique. Les entreprises qui tireront le plus de valeur des labels RSE sont celles qui les utilisent comme boussole vivante, pour aligner vision, pratiques et performance réelle de l’organisation.