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SBTi : définition et méthodologie

27-02-2025 - par Célestine Moreira

SBTi : définition et méthodologie

La Science Based Targets initiative (SBTi) s’est imposée comme une référence pour les entreprises souhaitant aligner leur trajectoire de décarbonation sur la science climatique. Face aux pressions réglementaires et aux attentes croissantes des investisseurs, disposer d’une trajectoire de décarbonation devient un enjeu stratégique. La SBTi est l’organisme qui valide ces trajectoires carbone, et propose à ces entreprises un cadre méthodologique rigoureux et scientifique permettant de définir des objectifs compatibles avec l’Accord de Paris.

 

Qu’est-ce que la SBTi ?

La SBTi (Science-Based Targets initiative) permet aux entreprises de garantir que leurs trajectoires carbone sont alignées sur un réchauffement climatique limité en-dessous de +2°C. Elle offre à ces entreprises un cadre méthodologique pour se fixer des objectifs de réduction de leurs émissions de GES (gaz à effet de serre), alignés avec les recommandations du GIEC. Cette méthodologie est dite “science-based” car elle basée sur des données scientifiques robustes et modèles climatiques du GIEC, garantissant ainsi des engagements crédibles et rigoureux.

 

Comment a été créée la SBTi ?

La SBTi (Science Based Targets initiative) s’est développée en 2015 lors de la COP 21, en réponse aux enjeux climatiques mis en avant par l’Accord de Paris. . Elle est née de l’initiative et du partenariat de plusieurs entités environnementales internationales :

  • le Carbon Disclosure Project (CDP), une organisation qui publie les données environnementales des plus grandes entreprises, mais également de territoires (villes, régions ou Etats)
  • le Global Compact des Nations Unies, une initiative lancée en 2000 incitant les entreprises à adopter des comportements responsables au sujet de l’environnement, des Droits de l’Homme et des normes internationales de travail.
  • le World Ressources Institute (WRI), un organisme américain de recherche (ou think tank) sur les questions environnementales, et plus particulièrement sur l’évaluation des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre).
  • le Fonds mondial pour la nature (WWF), l’ONG internationale la plus célèbre pour la protection de l’environnement et de la biodiversité.

 

Comment fonctionne la SBTi ?

 

Choisir son approche pour la SBTi

Pour les entreprises choisissant de fixer leurs objectifs de décarbonation basés sur la science climatique avec la SBTi, il leur faudra choisir la méthodologie la plus adaptée à leur activité et leur taille. Il existe 3 méthodes principales.

 

L’approche absolue (ou approche linéaire)

Cette méthode fixe comme objectif une réduction directe et mesurable des émissions de GES (gaz à effet de serre), peu importe l’évolution de l’activité de l’entreprise concernée. L’objectif est généralement exprimé en pourcentage de réduction des émissions absolues par rapport à une année de référence.

 

Par exemple, une entreprise pourra fixer un objectif de réduire ses émissions absolues de 50 % d’ici 2030 par rapport à 2020.

 

Cette méthode a plusieurs avantages. Tout d’abord, elle est facile à comprendre, à suivre et à communiquer au grand public. Elle est également compatible avec toutes les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité. En revanche, pour les entreprises en forte croissance, elle peut paraître limitante voire trop contraignante, car elles doivent continuer à réduire leurs émissions même si leur activité augmente.

 

La SBTi impose généralement des objectifs absolus de réduction pour les scopes 1 et 2, car ces émissions sont directement sous le contrôle des entreprises. Pour aligner les objectifs sur un réchauffement limité à 1,5°C, elle préconise une réduction annuelle d’au moins 4,2 % des émissions absolues des scopes 1 et 2 pour les objectifs de court terme.

 

L’approche sectorielle (ou SDA - Sectoral Decarbonization Approach)

Certaines industries spécifiques ont des trajectoires de décarbonation qui leur sont propres. Ces trajectoires sont définies en fonction de leurs contraintes technologiques et des dynamiques propres à leur secteur. Les secteurs couverts par la SDA sont :

  • L’énergie, en basant les objectifs sur l’intensité carbone de l’énergie produite.
  • Les transports (aériens, maritimes, routiers, ferroviaires), en prenant en compte des technologies plus propres comme l’électrification ou les carburants alternatifs.
  • Les matériaux industriels (ciment, acier, aluminium) les objectifs prennent en compte les contraintes technologiques et le rythme d’évolution des solutions bas-carbone dans ces secteurs.
  • L’immobilier et la construction, en basant les objectifs sur la réduction de l’intensité carbone des bâtiments neufs et la rénovation du parc existant.

 

Cette méthode présente un avantage principal. Elle est plus réaliste pour les industries où la décarbonation dépend des dynamiques spécifiques au secteur, et sont donc plus atteignables pour les entreprises concernées. En revanche, elle ne couvre pas encore tous les secteurs d’activité, certains doivent continuer à utiliser l’approche absolue. La SBTi travaille en continu pour développer des méthodologies pertinentes pour les secteurs manquants.

 

L’approche basée sur l’intensité carbone

Plutôt que de fixer une réduction absolue des émissions, cette approche définit des objectifs en fonction de l’intensité carbone de l’activité, c’est-à-dire les émissions rapportées à une unité de production ou de chiffre d’affaires.

 

L’objectif peut être mesuré en unités physiques ou financières :

  • Par unité physique de production : par exemple, en tonne d’équivalent CO2 (TeqCO2) par tonne d’acier produit, par kilomètre parcouru ou par produit fabriqué…
  • Par unité financière : par exemple, en TeqCO2 par million d’euros de chiffre d’affaires.

 

Par exemple, un constructeur automobile peut fixer un objectif via la SBTi de réduire de 40 % ses émissions par véhicule produit d’ici 2030.

 

 

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L’avantage principal de cette approche est qu’elle permet une certaine flexibilité pour les entreprises en forte croissance, contrairement à l’approche absolue. Une entreprise peut améliorer son intensité carbone tout en augmentant considérablement ses émissions globales, ce qui peut être perçu comme du greenwashing. De plus, cette approche est moins alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris, qui nécessitent en priorité une réduction absolue des émissions pour respecter le budget carbone mondial.

 

La comptabilité carbone pour la SBTi

Le calcul des émissions de GES (que l’on peut aussi appeler “comptabilité carbone”) pour la SBTi suit le cadre du GHG Protocol. Il est constitué en 3 scopes.

 

Le scope 1

Le scope 1 regroupe toutes les émissions directes, produites par les sources de combustion et les procédés industriels, qui sont directement contrôlés ou possédés par l’entreprise. Par exemple la consommation de carburant des véhicules appartenant à l’entreprise, les processus industriels générant des émissions comme le ciment ou l’acier…

 

Le scope 2

Le scope 2 regroupe les émissions indirectes associées à la production d’électricité, de chaleur ou de vapeur achetée et consommée par l’entreprise.Cela inclut : L’électricité utilisée pour alimenter des bureaux ou des usines et la chaleur ou la vapeur achetée, comme le chauffage urbain.

 

Le scope 3

Le scope 3 couvre toutes les autres émissions indirectes, qui ne sont pas sous le contrôle direct de l’entreprise, mais qui résultent de son activité tout au long de sa chaîne de valeur, que cela soit en amont ou en aval. Par exemple les émissions des fournisseurs de matières premières, celles des prestataires de transport, la gestion de la fin de vie des produits…

 

Dans le cadre de la SBTi, le scope 1 et le scope 2 sont obligatoires pour définir des objectifs de réduction. Le scope 3 est requis si ses émissions représentent plus de 40 % des émissions totales de l’entreprise. Dans ce cas, une réduction ambitieuse est demandée, bien que la méthodologie soit plus souple que pour les scopes 1 et 2.

 

 

 

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Comment se soumettre à la SBTi ?

 

La validation des objectifs par la SBTi

Une fois définis, les objectifs et la trajectoire carbone d’une entreprise doivent être soumis à la validation du SBTi pour s’assurer qu’ils sont conformes aux exigences de la science climatique. Cette validation repose sur une grille de critères rigoureux, permettant de garantir que les engagements pris par l’entreprise sont crédibles, ambitieux et alignés avec les objectifs des Accords de Paris.

 

1. Le dépôt de la demande

L’entreprise doit d’abord soumettre son engagement sur la plateforme SBTi avec les informations suivantes :

  • son empreinte carbone actuelle, incluant les émissions scope 1, scope 2 et scope 3 (si elles représentent plus de 40% des émissions totales)
  • sa méthodologie de définition des objectifs, en précisant si elle utilise une approche absolue, sectorielle (SDA) ou basée sur l’intensité carbone
  • les périmètres couverts (activités, filiales, sites de production…)

 

2. L’analyse technique et la validation des objectifs

La SBTi devra ensuite évaluer les objectifs de l’entreprise, selon une grille de validation, avec notamment les critères suivants :

  • L’inclusion des scopes 1 et 2 en suivant la méthodologie du GHG Protocol (et le scope 3 si il représente plus de 40% du total des émissions)
  • La compensation carbone et l’achat de crédits carbone ne doivent pas être comptabilisés dans la SBTi. En revanche, elle peut toujours être faite de manière volontaire en plus des objectifs du SBTi
  • L’objectif de réduction fixé doit être projeté et atteignable, avec une période de mise en oeuvre de 5 à 15 ans.

 

3. La validation et publication officielle

Une fois l’analyse terminée, la SBTi transmet un retour à l’entreprise. Si la réponse est positive, l’entreprise reçoit une certification officielle et peut communiquer publiquement son engagement, à la fois sur le site de la SBTi mais aussi sur ses propres canaux (communiqué de presse, site web…). En revanche, si les objectifs ne respectent pas les critères imposés par la SBTi, l’entreprise doit les ajuster et soumettre une nouvelle version.

 

Une fois validés, les objectifs de l’entreprise apparaissent dans la base de données publique du SBTi, renforçant leur crédibilité auprès des investisseurs, clients et parties prenantes.

 

Le Net-Zero Standard de la SBTi

En plus des objectifs de court terme, le SBTi propose un cadre spécifique pour les entreprises qui visent la neutralité carbone à long terme : le Net-Zero Standard. C’est le premier cadre scientifique conçu pour guider les entreprises vers une neutralité carbone crédible et alignée avec l’Accord de Paris. Ce nouveau standard est né pour répondre à la multiplication d’engagements "Net Zero" de certaines entreprises, souvent vagues ou sans méthodologie rigoureuse.

 

Le Net-Zero Standard présente deux niveaux d’objectifs pour les entreprises souhaitant suivre cette trajectoire :

    • à court terme : les entreprises doivent fixer des objectifs de réduction de leurs émissions de GES pour l’horizon 2030-2035, en suivant une trajectoire alignée avec un réchauffement limité à +1,5°C. Ces objectifs de court terme garantissent une action immédiate, évitant le report des efforts à plus tard.
    • à long terme : d’ici 2050 (ou avant), les entreprises doivent atteindre une réduction d’au moins 90-95 % de leurs émissions absolues sur l’ensemble des scopes (1, 2 et 3). Contrairement aux approches classiques de "neutralité carbone", la simple compensation des émissions via des crédits carbone n’est pas acceptée.

 

 

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En conclusion, la Science Based Targets initiative (SBTi) est aujourd’hui un cadre de référence pour les entreprises souhaitant aligner leurs objectifs de décarbonation sur les exigences de l’Accord de Paris. Sa méthodologie basée sur la science climatique permet aux entreprises de définir des trajectoires crédibles et mesurables, renforçant ainsi leur engagement en faveur d’une économie bas-carbone.

 

L’intégration du Net-Zero Standard vient renforcer cette ambition en exigeant une réduction drastique des émissions carbone à long terme, tout en limitant strictement la compensation carbone par l’achat de crédits. À l’heure où la pression réglementaire et les attentes des parties prenantes s’intensifient, adopter la une approche basée sur la science climatique ne se limite plus à un choix stratégique : c’est un levier essentiel pour garantir la résilience et la compétitivité des entreprises dans un monde en transition.

 

En engageant des actions immédiates et durables, les entreprises peuvent ainsi contribuer efficacement à l’effort collectif pour lutter contre le changement climatique.

 

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