Le point sur la LSME et la VSME
14-04-2025 - par Célestine Moreira

Le contexte d’Omnibus pour la LSME et la VSME
La CSRD est un modèle de données extra-financières très complet avec environ 1.200 indicateurs à compléter, sous la forme de différents ESRS. En parallèle de la CSRD, l’EFRAG a également créé d’autres modèles de données de reporting ESG : le module VSME et le module LSME.
Même si elles sont un peu passées sous les radars jusqu’ici, elles ont été mises en lumière récemment. En février 2025, la Commission Européenne a voté un nouveau règlement : l’Omnibus. Cette initiative vise à alléger les entreprises européennes au niveau administratif, notamment en simplifiant les reportings réglementaires. Cela inclut donc la CSRD, qui risque d’être simplifiée à termes.
Il est important de préciser que ces simplifications vont se faire en deux temps. C’est pour cela que nous ne parlons pas toujours de l’Omnibus, mais bien des Omnibus :
- Le premier, dont le vote a commencé en février et devrait se terminer en septembre, a pour but de redéfinir les seuils et le décalage dans le temps de la CSRD. Pour l’instant, elle semble n’être réglementaire que pour les entreprises de plus de 1.000 salariés et qui réalisent soir un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros, ou bien présentent un bilan de plus de 25 millions d’euros. Un décalage de 2 ans a également été voté pour les entreprises de la vague 2. Ainsi, beaucoup de PME ne sont plus soumises à la CSRD.
- Le deuxième, dont le vote aura certainement lieu début 2026, a pour but de passer en revue les indicateurs demandés pour la CSRD, en vue d’une simplification, très demandée par les entreprises européennes.
Ainsi, l’avenir des informations ESG demandées pour la CSRD présente encore beaucoup d’incertitudes, et il n’y aura à priori pas de modèle défini avant fin 2026... ce qui ne nous empêche pas pour autant de faire quelques recommandations aux entreprises françaises qui s’interrogent, particulièrement aux PME.
Le modèle de la VSME
Qu’est-ce que la norme VSME ?
Initialement, la VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for non-listed SMEs) a été conçue comme un modèle de données de reporting ESG inspiré de la CSRD à destination des PME non cotées. C’est donc, dès le départ, un modèle 100% volontaire et simplifié pour les PME.
La norme VSME comprenait à l’origine environ 80 indicateurs chiffrés (le module B “Basic”) qui a été complété en décembre 2024 pour atteindre 260 indicateurs (le module C “Complémentaire”). Cependant la, VMSE n’est pas réglementaire et reste volontaire, les PME peuvent donc décider de supprimer certains indicateurs, sans besoin d’en justifier leur non-matérialité.
L’impact d’Omnibus sur la norme VSME
Avec Omnibus, la Commission Européenne propose que la VSME reste un modèle de données de reporting ESG volontaire, mais qu’elle devienne à terme le modèle de questionnaire ESG standard que les acheteurs vont utiliser pour évaluer leurs fournisseurs. Jusqu’ici, chaque entreprise était libre de créer son propre questionnaire d’évaluation fournisseurs (ou d’utiliser des labels et certifications comme EcoVadis par exemple), obligeant les fournisseurs à remplir des tableaux Excel et formulaires très différents tout au long de l’année. Avec la VSME comme modèle unique, les fournisseurs n’auront besoin de renseigner leurs informations ESG qu’une seule fois pour l’ensemble de leurs acheteurs, leur faisant gagner beaucoup de temps.
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Les entreprises de la vague 2, qui devaient publier leur rapport de durabilité en 2026 et pour lesquelles la CSRD est reportée de 2 ans ne doivent pas ne rien produire pour autant. Elles doivent toujours publier un rapport de durabilité pour l’année prochaine. En l’état, pour les entreprises françaises, le rapport de durabilité auquel elles restent soumises est la DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière).
Le problème que les entreprises peuvent rencontrer avec la DPEF, c’est que c’est un modèle de données de reporting ESG assez peu structuré. Chaque entreprise est en effet libre de choisir et définir elle-même ses propres indicateurs. Les informations ESG publiées par les entreprises dans le cadre de la DPEF n’assurent doc pas de comparabilité entre elles, et favorisent les risques de greenwashing, contrairement à la CSRD qui rend les informations comparables et transparentes sans biais d’interprétation.
Ainsi, une des solutions qui pourrait être proposée par l’Europe ou par la France serait de ne pas conserver la DPEF pour les entreprises de la vague 2 et de passer sur le modèle de données de la VSME. Même si elle comprend un peu moins d’indicateurs que la DPEF, au moins ces indicateurs sont structurés, avec une définition standardisée pour toutes les entreprises. Cela permettra également aux entreprises de se préparer au reporting CSRD qu’elles devront faire dans 2 ans, puisque le modèle de données du module VSME et adossé à celui de la CSRD. Le temps alloué à la préparation de la VSME est donc, in fine, du temps gagné sur le rapport de durabilité de la CSRD.
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Le modèle de la LSME
Qu’est-ce que la norme LSME ?
La norme ESRS (European Sustainability Reporting Standards) LSME (Listed Small and Medium Enterprises) est un modèle de données de reporting ESG encore assez peu connu. Il a été pensé par l’EFRAG pour les PME cotées, car la CSRD était censée être réglementaire pour ces PME-là à l’origine, avant le vote de l’Omnibus.
La norme LSME ressemble davantage à la CSRD que la VSME avec 900 indicateurs à renseigner (soit environ 30% d’indicateurs de moins que la CSRD, qui prennent la forme d'ESRS). Les indicateurs qui ont été retirés dans la norme LSME par rapport à la CSRD étaient surtout des indicateurs narratifs, ne conservant quasiment que de la donnée chiffrée. La LSME est donc en quelque sorte une version simplifiée de la CSRD qui conserve tout de même la double matérialité et les MDR (actions, politiques, ressources, objectifs…).
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L’impact d’Omnibus sur la norme LSME
Avec Omnibus, si les seuils d’obligation de reporting sont définitivement montés à +1000 salariés, la norme LSME n’aurait techniquement plus de raison d’exister, puisque les PME cotées ne seraient plus soumises à ce rapport de durabilité-là. Elle est donc à priori vouée à disparaître avec Omnibus.
En revanche, le module LSME est le modèle de données que les sphères économiques semblent vouloir utiliser en priorité pour leur rapport de durabilité. C’est un modèle simplifié, avec beaucoup moins d’indicateurs narratifs, mais qui conserve les axes stratégiques de la CSRD telle que la double matérialité. Il y a donc des chances qu’avec la simplification de la CSRD prévue pour la deuxième phase d’Omnibus, la LSME devienne le nouveau modèle de données de la CSRD.
Le mouvement WeAreEurope (dont Zei fait partie) leadé par makesense a mené une grande enquête au moment du vote d’Omnibus, en février 2025. Lors de cette enquête, 80% des entreprises déclaraient vouloir conserver la CSRD et la double matérialité. Ce qui ressort de cette étude est que, ce qui gêne le plus les entreprises, c’est le trop grand nombre d’indicateurs narratifs. Le but est donc de réduire le nombre d’indicateurs de la CSRD, en priorité les indicateurs narratifs. Cette demande correspond tout à fait au modèle de données de la LSME, qui pourrait donc devenir le nouveau modèle de la CSRD avec la deuxième phase de vote de l’Omnibus.
En conclusion, la réforme Omnibus marque un tournant pour le reporting extra-financier en Europe. En redéfinissant les seuils d’éligibilité et en amorçant une simplification attendue des indicateurs, elle ouvre la voie à des modèles de données ESG plus accessibles, en particulier pour les PME. Le module VSME, en tant que référentiel volontaire, standardisé et allégé, pourrait devenir une alternative crédible à la DPEF, tout en préparant efficacement les entreprises à la CSRD. Quant au module LSME, elle se positionne comme une version épurée de la CSRD, conservant l’essentiel – notamment la double matérialité – sans excès d’indicateurs narratifs. Si l’Europe entend répondre aux attentes des entreprises tout en maintenant l’ambition de transparence et de comparabilité, elle pourrait bien faire de la LSME son futur standard. Dans ce contexte mouvant, il est essentiel pour les entreprises françaises de rester informées et d’anticiper, surtout les PME, en s’appuyant sur les bons modèles dès aujourd’hui.