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Ecologie : pourquoi c'est encore trop souvent l'affaire des femmes

04-03-2020 - par Delaloy Noémie

Ecologie : pourquoi c'est encore trop souvent l'affaire des femmes

Ce Dimanche 8 Mars sera la journée internationale des droits des femmes, alors on s’est dit que c’est l’occasion parfaite pour se pencher sur un sujet gratiné qu’on n’a pas encore abordé : les stéréotypes de genre dans l’écologie !

On l’a souvent constaté, l’écologie semble être "réservée", à tort, aux femmes : "Elles trient plus que les hommes, sont plus attentives à leurs déchets et, plus généralement, se préoccupent davantage des problèmes environnementaux.", d’après des études des Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Rien qu’à Zei, ça commence sérieusement à manquer de testostérone, et c’est pas faute d’avoir cherché...

Par quoi est-ce que ça se traduit dans notre société ? D’où est-ce que ça pourrait venir ? Quelles solutions pour s’engager tou·te·s  ? Dans cet article, on vous donne des pistes pour comprendre et agir !

 

Quel est le constat aujourd’hui ?

S’occuper du foyer, la barbe (enfin pas vraiment pour le coup)

Même si la société change et qu’on n’est plus en 1950 - détrompez-vous, les années 50 c’était chouette mais au moins maintenant tout le monde à droit d’ouvrir un compte en banque - ce sont encore souvent elles qui gèrent les dépenses du type courses, entretien, habillement des enfants…

Elles possèdent donc plus de pouvoir sur le choix de produits éco-responsables, et sont donc ciblées en priorité par les marques en tant que consommatrices. D’un point de vue purement marketing, ça semble logique !

En revanche, là où ça coince, c’est que parce qu’elles font le choix de consommer autrement et mieux, cela a pu rajouter une charge mentale supplémentaire : penser à bien s’organiser pour ses courses en vrac, passer du temps à se renseigner pour faire les choix les plus éco-responsables... On ne jette pas la pierre aux modes de vie tels que le zéro déchet : c’est un mode de vie formidable qui, une fois bien rodé, permet en réalité de réduire le superflu, et ne se concentrer que sur l’essentiel.

Mais c’est parce que les tâches au sein d’un foyer sont encore trop mal réparties entre hommes et femmes que cela pose problème ! D’après l’INSEE, en 2015, encore 70% des tâches ménagères étaient effectuées par les femmes ! Bonne nouvelle cependant : l’écart diminue doucement d’après ce rapport Ipsos, et ça, ça fait plaisir.

Le marketing écolo

Malgré une transition vers des publicités moins genrées, on a l’impression que l’univers écolo est très "marketé féminin" quand il s'agit d'objets de consommation : beaucoup de formes douces, des couleurs pasteeeeeels… (Bon attention il n’y a pas de mal à aimer les couleurs pastels quand on est une femme hein, c’est quand même super beau).

La première réflexion que l’on pourrait se faire serait “c’est normal Jamie, les services marketing n’ont pas raté le chiffre annoncé précédemment.” Mais cela est-il vraiment la réalité de la société aujourd’hui ?

Résultats, certains services marketing de produits écologiques font encore trop le choix de cibler la consommatrice qui est déjà susceptible d’acheter leur produit, lorsqu’ils ont le potentiel de casser les codes en s’adressant à tout type de consommateur qui pourrait entamer une transition et devenir un client potentiel.

 

Un exemple de produit du quotidien simple et non genré : le rasoir réutilisable en inox !

Ecologie politique vs écologie dépolitisée


Bruno Maresca, sociologue au Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) explique que selon des études datant de 2010, les hommes et les femmes ont une sensibilité égale pour “les économies d’énergie et d’eau, l’usage des transports en commun, la protection de la nature et des espèces”.

 

Cependant “les hommes ont une sensibilité plus marquée : la connaissance de la notion de développement durable, qu’ils maîtrisent mieux que les femmes. Ces dernières sont plus concernées par les registres de la gestion domestique, et par ceux qui ont des impacts sur la santé.”

Cela pourrait expliquer la différence d’appropriation de l’écologie : les hommes se placeraient sur des sujets plus “politiques”, tandis que les femmes s’approprient l’expertise dans le cadre privé du foyer.



Mais d'où ça peut venir,
Jamie ?

Une question de virilité ?

Une étude menée par le journal Translational Psychiatry en Mars 2018 a démontré que la différence d’empathie entre les hommes et les femmes n’est pas une question génétique et donc que le sentiment de responsabilité écologique non plus, le problème vient donc d’ailleurs.

Le Journal of Consumer Research d’Août 2016 révèle que tout cela viendrait de stéréotypes que la société ne fait qu’appuyer. La société dans laquelle nous avons évolué ne nous a que très peu habitué à voir un homme s’intéresser à un meilleur mode de consommation pour son foyer et à mettre en place des habitudes plus saines. C’est pourquoi un homme allant faire ses courses avec des contenants réutilisables serait perçu comme quelqu’un d’efféminé, et ça dans la tête de beaucoup de gens, c’est maaaaaaaal.

Alors que franchement nous quand on croise Pierre à la boutique en vrac avec ses pochons en tissus remplis de céréales bio et son assortiment de légumes locaux et de saison pour préparer la soupe des enfants, on se dit “Trop stylé le gars”.

Les hommes comme les femmes ont grandi avec des pressions sociales plus ou moins prononcées et ça influence leur comportement et la vision d’eux-même au sein de la société - au point de rejeter parfois, même inconsciemment, ses engagements écologiques au profit de la virilité avec un grand V.   

 

Les trouvailles de retour de marché de Pierre, super Papa ZD

 

Quand femmes et planète sont opprimées

De nombreuses femmes en sont venu à ce constat aujourd’hui : “On ne peut pas être féministe sans être écolo”. Parce qu’en fait si on réfléchit bien, l’exploitation des femmes et de la Terre reposent toutes les deux sur la même chose : un modèle patriarcal et capitaliste prédominant qui favorise l’exploitation à outrance de ce qu’il considère comme une “ressource”.


C’est sur ce postulat de base qu’est d’ailleurs né l’éco-féminisme, un mouvement qui défend l’égalité hommes-femmes mais aussi la globalité des êtres vivants. Ce mouvement nous explique que cette oppression provient d’un changement dans notre rapport à la Nature, que nous avons commencé à considérer à partir du 17ème siècle comme une entité à dominer, plutôt que quelque chose à protéger. Non pas que les femmes aient besoin de se faire protéger hein, elles se débrouillent très bien seules.


Mais forcément, on comprend que le lien se fasse plus facilement dans leur tête et qu’elles s’identifient dans la position d’entité opprimée, d’où une labellisation féminine des actes quotidiens de protection de l’environnement.

 

 

Alors qu'est-ce qu'on peut tout.e.s faire pour changer la donne ?


Afin de lutter contre cette “féminisation” de l’écologie, plusieurs pistes :

  • On lutte contre les stéréotypes de genre dès la plus tendre enfance afin de ne pas orienter la future génération vers des comportements de consommation labellisés comme “féminins” ou “masculins”. Eduquer, sensibiliser à l’écologie dès le plus jeune âge et de manière non genrée est également une façon d’engager la discussion au sein des familles - et en particulier avec tata Jeanine, parce qu’elle est quand même vachement retord celle-là.

  • On en discute dans les foyers et dans son entourage afin d’amorcer une réflexion sur des comportements “anodins” du quotidien qui s’avèrent être genrés. Dans un couple par exemple, ça veut dire savoir identifier les moments où notre partenaire se sent submergé.e par cette "charge mentale", s'organiser et la répartir ! Quitte à en faire un peu moins et de manière plus imparfaite. Nan parce que faudrait pas sacrifier votre santé, on a besoin de vous pour sauver la planète, oh !

  • Quand on peut, on encourage les marques qui proposent des produits unisexes, en cosmétiques par exemple : cela permettra à tous les membres de votre entourage, peu importe leur sexe, de réussir à se projeter dans un quotidien écoresponsable !

 

Pour conclure :


Vous l’aurez compris, l’écologie et la protection de notre planète, ce n'est pas réservé qu'aux personnes qui ont des ovaires. C’est l’affaire de tou·te·s et de toutes les générations, alors on s’informe, on sensibilise son entourage, et on discute pour amorcer réflexion et changement !



Pour aller plus loin :
- Littérature : 4 livres pour une transition écologique réussie
- Ecomobilité : 4 réflexes à prendre pour réduire son impact carbone




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