Se connecter

Antarctique : un immense iceberg se trouve à la dérive

02-08-2017 - par Myrtille Serre

Antarctique : un immense iceberg se trouve à la dérive

Un gigantesque bloc de glace vogue sur les flots des eaux glacées depuis plus de deux semaines.

Des chercheurs de l’Université de Swansea (Royaume Uni) et membres de l’équipe scientifique du projet Midas ont annoncé, le 12 juillet dernier, la formation d’un des plus grands blocs de glace de 'histoire, suite à sa séparation d’une plateforme de l’ouest du continent Antarctique. Son poids est estimé à mille milliards de tonnes. Sa superficie, de 5 800 km2, représente celle du département du Gard ou celle de la moitié de la Corse.

Le sort de Larsen C et de la montée du niveau des eaux

 D’une épaisseur de 350 mètres, ce bloc de glace faisait partie de la quatrième plus grande plateforme de glace de l’Antarctique nommée « Larsen C ». Cette barrière givrée, du nom éponyme de l’explorateur norvégien Carl Anton Larsen qui en fit la découverte, permet de garantir la stabilité des glaciers aux alentours. Elle retient les écoulements de la glace continentale dans la mer. Un effondrement intégral de cette dernière n’est pas à l’ordre du jour. Ce morceau ne représentait que 10% de Larsen C, pas de quoi menacer pour l’instant le niveau des eaux. Cependant, la stabilité de cette épaisse étendue de glace pourrait en ressortir grandement fragilisée.

Réchauffement climatique et façonnement d’icebergs : l’objet d’une attention particulière

Déjà sous surveillance, les chercheurs de Swansea avaient alerté, il y a quelques mois, de l’allongement de la faille de 17 kilomètres en seulement six jours. Sa dislocation était attendue mais la rapidité de son avancée a surpris la communauté scientifique.  Un phénomène similaire a eu lieu en 1995 et 2002. Les deux autres plateformes qui composaient l’intégralité de la Barriere de Larsen -Larsen A et Larsen B-  se sont elles aussi désintégrées.  Si la survie de cette barrière de glace ne semble pas pour l’instant menacée, sa décomposition morceau par morceau inquiète. Région vulnérable aux changements climatiques, elle fait à présent l’objet d’une attention particulière. Si la formation des icebergs est un processus naturel, le réchauffement de l’air et des océans pourrait accentuer davantage ce phénomène. Néanmoins, l’avis des experts diverge sur la corrélation entre ces deux processus.

L’aventure peu prévisible de cet iceberg géant

 L’avenir de ce pan de glace est incertain. Deux conjectures sont dès lors envisagées par le scientifique Adrian Luckman, professeur à l’université de Swansea et responsable du projet Midas, qui s’est exprimé publiquement à ce sujet dans The Conversation. Il pourrait rester en un seul tenant et se maintenir dans la région du continent blanc pendant plusieurs décennies. Autre scénario : il se désintégrerait en une myriade de fragments abandonnés à la dérive. Ces morceaux disparates pourraient alors se laisser rapidement emporter par les courants dans des eaux plus chaudes.

Un impact encore peu connu sur les navigations

 « A cause des courants, ce bloc devrait remonter vers la partie sud de l’Afrique du Sud », confie Patrick Marchesseau, navigateur et commandant des navires de la compagnie du Ponant, dont certains sont spécialisés dans les expéditions en Arctique et en Antarctique. Cet habitué des traversées en mer ne semble pourtant pas inquiet. « Ce gros paquet sera signalé au quotidien et connu de tous les marins», ajoute t-il. Si l’emballement médiatique à ce sujet a été total, scientifiques et navigateurs semblent pourtant relativement sereins. « Ce n’est ni le premier, ni le dernier iceberg qui se détache. Celui-ci est surtout impressionnant par sa taille », soulève Patrick. S’il est encore trop tôt pour émettre des spéculations hâtives sur le devenir de ce « glaçon », il faudra attendre plusieurs mois avant d’en mesurer l’impact réel.

Derniers articles