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Industrie agro-alimentaire : impact et enjeux

28-09-2022

Industrie agro-alimentaire : impact et enjeux

 

Selon une étude de l’Insee sur “Les pratiques environnementales des entreprises”, près d’un quart des entreprises agroalimentaires de plus de 20 salariés estiment que leur activité a un impact jugé « fort » ou « très fort » sur l’environnement.

Les entreprises agroalimentaires estiment que les impacts concernent en premier lieu l’eau (ressource et pollution), la production de déchets et la pollution des sols.

L’impact environnemental de l’industrie agro-alimentaire

L’IATP (Institute for Agriculture and Trade Policy) a récemment publié un rapport sur l’impact environnemental des activités agroalimentaires et plus particulièrement de l’industrie laitière et de la viande dans le monde. 

1- Les émissions de gaz à effet de serre

L’agriculture est le deuxième poste d'émissions de GES en France (19 % du total national) avec ses 85 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2019. 

Elles sont majoritairement liées à des processus biologiques et se répartissent ainsi :

- L’élevage (48%) qui émettent du méthane

- Les cultures (41%) qui émettent du protoxyde d’azote

- Les équipements agricoles : tracteurs, chaudières et autres engins (11%) qui émettent du dioxyde de carbone

 

Par ailleurs, d’après les estimations des chercheurs, les 20 principaux émetteurs de l'industrie laitière et de la viande, ensemble, produisent plus d'émissions de gaz à effet de serre que de nombreux pays de l'OCDE.

La filière agricole est très dépendante des énergies fossiles : en 2020, les ¾ de sa consommation provenaient du pétrole et du gaz naturel.

2 - La consommation d’eau

D’après une étude de l’OCDE, l’agriculture consomme environ 70 % des volumes d’eau douce prélevés dans le monde dont 45 % dans les pays de l’OCDE. 

Chaque culture nécessite un volume d’eau particulier et cela varie également en fonction des conditions climatiques locales. Voici quelques ordres de grandeur : 

- Il faut 1 000 litres d’eau pour produire 1 kg de blé mais il en faut presque deux fois plus pour produire 1 kg de riz.
- Il faut entre 6 et 20 fois plus d’eau pour produire de la viande que des céréales.

Le besoin croissant en eau pour l’industrie agroalimentaire (lié notamment aux perturbations climatiques) oblige le secteur à rationaliser sa consommation, à traiter les eaux usées en vue de les réutiliser, recharger les nappes phréatiques et éviter de puiser dans les ressources.

Durant les décennies à venir, le secteur agricole restera le pôle de consommation d’eau le plus important à l’échelle mondiale. Certains pays, très touchés par les phénomènes de sécheresse, en sont particulièrement dépendants.

La gestion de l’eau est un enjeu majeur notamment pour soutenir l’agriculture durable et assurer la sécurité alimentaire, dans la continuité de l’Objectif de Développement Durable n°2

Il existe des technologies très efficientes pour assurer le transport de l’eau du site de prélèvement jusqu’au champ et limiter au maximum les pertes lors de la distribution. Le recyclage des eaux usées est également une bonne alternative.

3 - La production de déchets

La gestion des déchets agricoles est encadrée par la réglementation. 

En effet, le Code de l’environnement et les lois Grenelles 1 et 2 définissent certaines obligations pour les exploitants agricoles :

- Veiller aux bonnes conditions de stockage, de transport, d’élimination ou de recyclage du déchet
-
S’assurer de la traçabilité en conservant un justificatif écrit de sa destination finale et de son mode d’élimination.

Les emballages génèrent d’importants volumes de déchets solides. Le secteur de l’alimentation et des boissons représente à lui-seul 66 % du chiffre d’affaires de la fabrication d’emballage.

En ce qui concerne les déchets agricoles dangereux (les emballages de produits phytosanitaires par exemple), la réglementation stipule qu’ils doivent être confiés à des installations spécifiquement dédiées et agréées par les pouvoirs publics.

4 - La pollution des sols

La première source de pollution des sols est liée aux activités humaines. Entre autres, ce sont : les activités minières, les déchets, les pesticides et autres substances utilisées dans l’agriculture ou encore les produits dérivés du pétrole relâchés dans l’environnement…

Mais ce n’est pas tout. Les “polluants émergents” ont aussi une conséquence directe sur la pollution des sols : il s’agit par exemple des produits pharmaceutiques, des hormones et autres perturbateurs endocriniens ou encore des déchets électroniques…

Cette pollution a un impact sur la sécurité alimentaire (baisse des rendements provenant des récoltes, dangers pour les cultures…) mais aussi sur la santé humaine (risque de contamination avec des éléments dangereux…)

Par ailleurs, selon Abdelkader Bensada, expert des sols au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), la pollution des sols peut également être responsable de “l’apparition de nouveaux ravageurs et de nouvelles maladies en modifiant l’équilibre des écosystèmes et en provoquant la disparition des prédateurs ou des espèces concurrentes qui régulent leur biomasse”. 



Les alternatives pour une agriculture plus vertueuse

Réduire l’utilisation de produits chimiques et autres pesticides

Il s’agit d’un des objectifs exprimés par la Commission européenne : réduire de 50 l'utilisation des pesticides chimiques d'ici à 2030. Une réglementation contraignante mais indispensable pour préserver la biodiversité et la santé humaine.

A noter que cette interdiction vaut également pour les zones sensibles telles que les parcs, jardins publics et autres zones protégées.

Soutenir la transition

Les acteurs du secteur agricole doivent être accompagnés dans ce changement à travers notamment :

- Une compensation pour les coûts de la transition pendant 5 ans
- Des mesures pour trouver de nouvelles solutions de remplacement
- Des projets de R & D pour développer de nouvelles technologies
- Un plan d’action pour atteindre les objectifs de la stratégie “de la ferme à la table” (en matière de pesticides).

Développer l’économie circulaire

De nombreux acteurs de l’industrie agricole s’engagent à agir concrètement pour une agriculture plus soutenable. Cela implique par exemple de recycler les déchets agricoles et de les réintroduire dans le processus de production.

Il existe notamment des normes sur lesquelles ils peuvent s’appuyer comme l'ISO 46001:2019 qui apporte des recommandations pour une meilleure utilisation et gestion de l’eau.

Encourager la performance énergétique

Un dispositif de soutien financier a été mis en place par les fournisseurs d’énergie afin d’encourager certains professionnels à opérer des travaux de rénovation pour une meilleure performance énergétique : il s’agit du “Certificat d’économie d’énergie” (CEE).

Les agriculteurs sont éligibles à cette prime dans le cadre de nombreux chantiers de performance énergétique sur leur exploitation (environ une vingtaine selon l’ADEME et le Ministère de l’Agriculture).

Par ailleurs, il y a également l’enjeu de l’utilisation des énergies renouvelables. Selon l’ADEME, le secteur agricole contribuerait à 25 % de la production d’énergies renouvelables (hors hydroélectricité).

Sources : fao.org ; agriculture.gouv.fr ; ONU Info

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